Ce 28 mai, la Namibie a officiellement instauré une journée nationale du souvenir pour honorer les victimes du génocide des Herero et des Nama, survenu sous l’occupation coloniale allemande entre 1904 et 1908. Cette initiative historique marque une reconnaissance officielle tardive de cette tragédie par l’État namibien, sous l’impulsion de la présidente nouvellement élue, Netumbo Nandi-Ndaitwah.
La cérémonie, organisée dans les jardins du Parlement à Windhoek, a vu la cheffe de l’État allumer une bougie en hommage aux dizaines de milliers de victimes. Le choix du 28 mai comme jour férié n’est pas anodin : il s’inscrit dans une volonté d’inscrire ce drame dans la mémoire nationale et d’offrir un cadre institutionnel à un deuil collectif longtemps ignoré. En déclarant cette journée fériée, Netumbo Nandi-Ndaitwah envoie un message politique clair sur la nécessité de reconnaître les souffrances historiques du pays.
Entre 1904 et 1908, l’armée coloniale allemande a orchestré la déportation et l’extermination de plus de 80 % du peuple Herero et d’environ la moitié des Nama. Des camps de concentration furent établis, et les massacres systématiques ont laissé des traces indélébiles dans la démographie et la mémoire du pays. Ce génocide, longtemps occulté, n’a été reconnu comme tel par l’Allemagne qu’en 2021, après des années de luttes mémorielles et de pressions diplomatiques.
This day must always make us to recognize what our brave ancestors endured in defence of this land. Thus, inspiring us to defend our country’s independence and all our natural resources for the benefit of all Namibians today and in the future.
Director of Ceremonies,
Fellow… pic.twitter.com/0uNcBHoghO— Namibian Presidency (@NamPresidency) May 28, 2025
La reconnaissance officielle par la Namibie soulève la question des réparations et de la justice historique. Si l’Allemagne a reconnu le terme « génocide », les négociations sur les compensations financières et les excuses officielles sont toujours en cours. Cette première commémoration nationale pourrait renforcer les revendications des communautés Herero et Nama, mais le chemin vers une réparation concrète reste semé d’embûches.
De nombreuses associations et survivants ont salué cette journée comme une étape vers une reconnaissance plus large du génocide. Mais certains observateurs dénoncent le caractère tardif et insuffisant de cette initiative, pointant le silence prolongé de l’État namibien et les lenteurs des autorités allemandes. La mémoire collective reste fragmentée, et les tensions autour des réparations montrent que le traumatisme est toujours présent, plus d’un siècle après les faits.