Quelle est l’impact réel du sexe sur notre santé mentale? Et comment les périodes d’abstinence affectent-elles notre vie? Des questions auxquelles la sexologue Rika Ponnet a tenté de répondre.
Pour chaque mois passé sans rapports sexuels, vous récoltez ce qu’on appelle un “point panda”. Une expression humoristique très répandue dans certains pays pour évoquer les mois d’abstinence, voulus ou non. Beaucoup de personnes vivent d’ailleurs très bien ces périodes sans sexe, d’autres moins. Certains le choisissent, d’autres pas.
“Nous vivons dans une société où nous supposons que tout le monde a une vie sexuelle épanouie. Ce n’est absolument pas le cas”, explique la sexologue et experte en relation humaines Rika Ponnet à nos confrères d’HLN.
“C’est un grand tabou aujourd’hui. Il y a beaucoup de personnes dans la trentaine et la quarantaine avec de jeunes enfants, qui privilégient généralement leur sommeil, pour qui le sexe est au plus bas. Nous avons des vies tellement chargées aujourd’hui que c’est souvent la première chose à disparaître.”
Bon ou mauvais pour la santé?
Mais dans les faits, ne pas avoir de rapports sexuels peut-il nuire à notre santé mentale et/ou physique?
“Le sexe est un déstressant et peut donc être bénéfique à votre santé mentale. Il contribue également à la satisfaction générale de votre vie – du moins si vous avez de bonnes relations sexuelles. Dans mon métier, je rencontre souvent des gens qui ont beaucoup de rapports, mais où l’un des partenaires pousse et l’autre lui donne ce dont il a besoin, notamment pour éviter les conflits. Ce n’est pas sain. D’un autre côté, l’absence de rapports sexuels peut être le signe de problèmes dans le couple. Par contre, dire que ne pas avoir de relations sexuelles est mauvais pour la santé, c’est complètement exagéré.”
“Les femmes divorcées ou les mères délibérément célibataires tirent souvent beaucoup de satisfaction du contact avec leurs enfants. Il existe également d’autres moyens ou types de relations pour combler votre besoin d’intimité et de proximité, même sans contact physique.”
Être en couple ne rime pas forcément avec abondance sexuelle
Il n’y a donc aucune honte à collecter des “points panda”. “Je connais beaucoup de femmes qui n’ont pas eu de rapports sexuels pendant des années après un divorce. De plus, nous avons une image idéale étriquée qui provient de la société de la performance qui dit que si vous êtes en couple et que vous vous aimez, vous avez forcément des rapports sexuels trois fois par semaine. Mais je pense qu’il y a énormément de gens qui ne remplissent pas ce quota.”
Nous mentons souvent sur notre vie sexuelle
“Votre vie sexuelle et l’expérience de votre sexualité changent au cours de votre vie. Et c’est différent pour chacun.” Il n’y a donc pas de point de référence pour savoir combien de relations sexuelles une personne devrait ou ne devrait pas avoir, souligne Mme Ponnet. “Ni pour savoir combien de temps vous pouvez ou devriez être abstinent”, explique-t-elle.
“Nous ne pouvons pas non plus faire d’études sérieuses sur ce sujet parce que nous dépendons de ce que les gens veulent bien nous dire. Mais malheureusement, de nombreuses personnes vont répondre en fonction de ce qui est ‘socialement souhaitable’. Et s’il y a bien une chose sur laquelle on ment, c’est notre vie sexuelle.”
“Le sexe évolue en fonction de la qualité de votre relation et des événements et phases de votre vie”, ajoute Rika Ponnet. “Si vous traversez une période difficile, le décès d’un parent, des problèmes avec vos enfants, des difficultés au travail… tout cela a un effet sur votre vie sexuelle. C’est tout à fait normal d’avoir moins de sexe pendant un certain temps. Et c’est également ok d’avoir du mal à vivre cette abstinence.”
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