Le Niger a officiellement installé, samedi 28 juin 2025, son Conseil consultatif de la Refondation (CCR), nouvelle instance chargée d’éclairer la transition engagée depuis le coup d’État de juillet 2023. La cérémonie s’est tenue à Niamey en présence du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, du général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur, et de représentants des États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Tous ont salué une étape « historique » dans la reconstruction des institutions nigériennes.
Créé par l’article 68 de la Charte de la Refondation adoptée en mars dernier, le CCR est composé de membres issus de divers horizons socioprofessionnels. Sa mission est consultative : formuler des recommandations à l’attention du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et du gouvernement sur les grandes orientations de la vie nationale. Le ministre de l’Intérieur a insisté sur la vocation du Conseil à promouvoir les valeurs de civisme, justice, patriotisme, et réconciliation, piliers affichés de la « refondation » en cours.
Cette installation s’inscrit dans un contexte de rupture assumée avec les cadres politiques antérieurs et avec l’influence occidentale. Depuis leur retrait de la CEDEAO, le Niger, le Mali et le Burkina Faso multiplient les initiatives communes, à l’image de la Confédération de l’AES. À travers ce CCR, le Niger entend affirmer son autonomie institutionnelle et son engagement dans une gouvernance « endogène », selon les mots du Premier ministre, évoquant une nouvelle ère sahélienne fondée sur les « valeurs de civilisation propres » à la région.
Si le Conseil se veut inclusif et représentatif, son pouvoir réel reste à démontrer. Il n’est pas un parlement de transition, ni un contre-pouvoir, mais une chambre d’avis. Sa capacité à influencer les décisions stratégiques dépendra autant de la volonté du CNSP que de la légitimité que lui reconnaîtra l’opinion publique. Son installation marque néanmoins une volonté d’encadrer politiquement la transition et d’anticiper les critiques sur le caractère militaire du régime.
Les autorités nigériennes ont multiplié les références à la souveraineté retrouvée, à la résistance face aux ingérences, et à la nécessité de renforcer la cohésion nationale. Un hommage particulier a été rendu aux forces armées et aux dirigeants sahéliens pour leur rôle dans la défense de l’« identité africaine ». Le Premier ministre a évoqué une « nouvelle grammaire politique » pour la région, estimant que le Sahel « ne sera plus jamais comme avant ».
À la tête du CCR, Dr Mamadou Harouna Djingarey, chef de canton de Sinder, s’est engagé à faire de cette instance une force de proposition crédible. Il a appelé ses pairs à examiner les textes de réforme « avec rigueur et responsabilité ». Mais au-delà des discours, la pertinence du Conseil se mesurera à sa capacité à influencer le cours des réformes, à fédérer les attentes sociales et à éviter une captation politique par les militaires.