Le gouvernement nigérien a annoncé le 8 août la nationalisation de la Société des mines du Liptako (SML), exploitant les gisements aurifères de Samira Libiri et Boulondjounga. Cette décision, prise par le président Abdourahamane Tiani, met fin au contrôle exercé depuis 2019 par le Groupe McKinel, actionnaire majoritaire à 80 %. L’entreprise, qui affirme avoir investi plus de 40 millions de dollars sur le site, se dit « très surprise et déçue » par cette mesure.
Pour justifier cette reprise, Niamey accuse McKinel de manquements répétés : non-respect des engagements contractuels, absence du plan d’investissement promis de 10 millions de dollars, arriérés fiscaux et salariaux, endettement croissant, arrêts fréquents de production et réduction de plus de la moitié des effectifs. Selon les autorités, malgré les facilités accordées, aucune amélioration notable n’a été constatée, ce qui rendait, selon elles, la nationalisation nécessaire pour préserver une entreprise considérée comme stratégique.
Depuis 2023, le Niger a engagé une politique de souveraineté économique marquée par plusieurs nationalisations, dont celle de la Société des mines de l’Aïr (SOMAIR), filiale d’Orano, deux mois plus tôt. Ces décisions interviennent dans un environnement sécuritaire dégradé : la zone de Samira Hill est régulièrement frappée par des attaques terroristes et minée, compliquant l’exploitation. Ces contraintes sont au cœur de l’argumentaire de McKinel, qui estime que les difficultés rencontrées relèvent de la force majeure.
McKinel affirme avoir entamé depuis début 2025 des discussions pour céder ses parts à l’État, et juge la décision unilatérale contraire aux procédures prévues par la législation minière nigérienne. Le groupe insiste sur l’importance du dialogue et du respect des engagements contractuels pour maintenir la confiance des investisseurs. La société n’exclut pas de recourir à des voies légales pour défendre ses intérêts.
Pour Niamey, la reprise de contrôle sur les mines d’or s’inscrit dans une volonté plus large de maîtriser les ressources nationales et de capter une part plus importante des revenus miniers. Les autorités estiment que la mauvaise gestion d’opérateurs étrangers prive l’État de recettes cruciales dans un contexte budgétaire tendu. La question reste de savoir si l’État disposera des moyens techniques et financiers pour relancer efficacement la production.
La mine de Samira Hill est l’un des principaux employeurs de la région, et son avenir aura un impact direct sur l’économie locale. Pour les investisseurs étrangers, cette affaire envoie un signal contrasté : d’un côté, elle souligne la volonté du Niger de protéger ses intérêts ; de l’autre, elle alimente les craintes sur la sécurité juridique des investissements dans le pays, déjà fragilisée par l’instabilité politique et les menaces sécuritaires.