Le général Abdourahamane Tiani a livré vendredi 25 juillet un message à la nation marquant le deuxième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Dans une allocution au ton ferme, le chef de l’État nigérien a défendu son projet de “refondation” nationale, présenté comme un “choix rationnel” vers la souveraineté politique et économique, tout en dénonçant les tentatives d’isolement international du pays.
Le dirigeant militaire a structuré son discours autour d’un récit de résistance face à ce qu’il qualifie de “forces coalisées” opposées à l’émancipation du Niger. Selon Tiani, ces forces combinent “opérations terroristes”, “manipulations économiques” et “guerres informationnelles” pour déstabiliser le pays et semer le doute au sein de la population. Cette rhétorique s’inscrit dans la stratégie de légitimation du régime, qui présente systématiquement les critiques extérieures comme des tentatives de sabotage de la souveraineté nationale.
Ce discours intervient deux ans jour pour jour après le coup d’État qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023. Depuis cette date, le Niger fait face à un isolement diplomatique croissant, notamment de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des partenaires occidentaux. Les sanctions économiques imposées par ces derniers ont aggravé une situation déjà précaire, marquée par l’insécurité jihadiste et les défis climatiques. Le processus de “refondation” évoqué par Tiani s’est concrétisé par les Assises nationales tenues en février 2025, qui ont abouti à l’adoption de la Charte de la refondation le 26 mars 2025, légitimant son maintien au pouvoir pour cinq ans renouvelables.
Les orientations annoncées par le général Tiani laissent entrevoir une consolidation du régime militaire plutôt qu’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. La création d’institutions comme la Cour d’État, la Cour des comptes et le Conseil consultatif de la refondation témoigne d’une volonté d’institutionnaliser le pouvoir militaire. Cette trajectoire s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, avec l’Alliance des États du Sahel (AES) regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso, tous dirigés par des juntes militaires ayant rompu avec leurs partenaires occidentaux traditionnels.
Sur le plan économique, Tiani a revendiqué des succès dans la gestion de la crise alimentaire, affirmant que le Niger avait “évité pour la première fois une période de soudure” grâce au programme de “Grande Irrigation” et au Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie. Ces affirmations, difficilement vérifiables de manière indépendante, contrastent avec les rapports d’organisations internationales qui font état de difficultés persistantes dans l’accès à l’alimentation pour une partie significative de la population nigérienne.
La dimension sécuritaire reste centrale dans le discours du régime. Le choix de limiter les célébrations de l’anniversaire à des “lectures du Coran et à des prières” révèle la persistance des menaces terroristes et la nécessité de maintenir un profil bas. Cette sobriété contraste avec les célébrations habituelles des régimes militaires et témoigne des contraintes sécuritaires réelles auxquelles fait face le pays. L’appel à la prière pour “la réussite des projets engagés au Niger et au sein de la Confédération des États du Sahel” confirme l’ancrage du Niger dans cette nouvelle alliance régionale, alternative assumée aux organisations sous-régionales traditionnelles.