Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2024, la région de Tillabéri, située au sud-ouest du Niger, a été secouée par une attaque terroriste meurtrière. Le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) a mené l’assaut sur le village d’Anzourou, provoquant des pertes humaines importantes tant chez les civils que chez les militaires. Ce raid survient après une série d’attentats dans la même région, amplifiant les tensions et l’instabilité déjà sévèrement affectées par les violences djihadistes.
Bien que les autorités nigériennes n’aient pas encore publié de bilan officiel, des médias locaux rapportent que neuf soldats ont été tués, avec des informations sur un blessé et un disparu. D’autres sources, notamment des agences de presse internationales, évoquent un bilan plus lourd, estimant le nombre de morts à au moins 90 soldats et 50 civils. Cette attaque a été particulièrement brutale, marquée par des échanges de tirs intenses. Il est à noter que l’EIGS semble avoir utilisé un modus operandi similaire à celui de l’attaque survenue quelques jours plus tôt à Kurmey et Terra, où des embuscades avaient été tendues aux forces armées.
La région de Tillabéri, située à proximité des frontières du Mali et du Burkina Faso, est un terrain fertile pour les groupes djihadistes. Ces derniers exploitent la porosité des frontières et le terrain difficile pour mener des attaques régulières contre les civils et les forces de l’ordre. Depuis plusieurs années, les groupes terroristes, notamment l’EIGS, sont responsables d’une grande part des violences dans cette zone. Le Niger, sous le gouvernement du général Abdourahamane Tiani, issu du coup d’État de juillet 2023, fait face à une recrudescence des attaques terroristes qui touche également ses voisins, le Mali et le Burkina Faso.
L’attaque d’Anzourou, dans un contexte déjà tendu, soulève des questions sur la capacité du Niger à endiguer la montée en puissance des groupes terroristes. Malgré les efforts déployés, notamment avec la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) en juillet 2023, qui inclut le Niger, le Mali et le Burkina Faso, la menace terroriste reste persistante. La situation semble se dégrader, en dépit des accords de défense et du retrait de ces trois pays de la Cédéao, qui a amplifié les tensions géopolitiques et les défis sécuritaires.
Les civils continuent de payer un lourd tribut à ces violences. Dans la région de Tillabéri, la population se trouve prise au piège entre les attaques terroristes et les opérations militaires. Ces derniers mois, de nombreuses familles ont été contraintes de fuir leurs maisons, cherchant désespérément un refuge face aux assauts répétés des groupes armés. Le manque de sécurité dans cette zone, combiné à des conditions de vie déjà précaires, fait des habitants de Tillabéri des victimes silencieuses des conflits en cours.
Face à cette montée de violence, le Niger a intensifié ses collaborations régionales, notamment avec le Mali et le Burkina Faso, en formant des alliances stratégiques pour mieux lutter contre le terrorisme. Ces initiatives incluent des pactes de défense mutuelle et la mise en place d’une force conjointe contre les groupes djihadistes. Cependant, la question de l’implication des puissances internationales demeure, notamment après le retrait du trio Sahelien de la Cédéao, et les critiques concernant l’ingérence de la France et de certaines puissances étrangères dans les affaires internes de la région.