La tension monte au Nigeria autour de Natasha Akpoti, l’une des rares femmes occupant un siège au Sénat. La parlementaire est désormais accusée de « diffamation » par les autorités fédérales, à la suite de ses déclarations visant le président du Sénat, Godswill Akpabio. Cette plainte, déposée par le procureur général et ministre de la Justice, fait suite à des propos qu’Akpoti avait tenus début avril, évoquant des pressions et manœuvres orchestrées pour l’écarter du pouvoir.
Lors de son intervention à la télévision, Natasha Akpoti a accusé publiquement Godswill Akpabio de harcèlement sexuel et d’avoir tenté de la faire écarter, en connivence avec l’ancien gouverneur de l’État de Kogi, dont elle est élue. Selon l’acte d’accusation, ces propos sont jugés attentatoires à la réputation des personnalités citées, et relèvent du code pénal nigérian. L’affaire prend une ampleur nationale, révélant les tensions internes au sein du Sénat.
Natasha Akpoti, déjà suspendue de ses fonctions parlementaires en mars pour six mois sous prétexte de « faute grave et indiscipline », a rejeté cette décision qu’elle considère comme une sanction injuste pour ses prises de parole. Devant l’Union interparlementaire des Nations unies à New York, elle a dénoncé une tentative d’étouffer ses accusations. Fin avril, la sénatrice a également signalé une attaque contre sa maison familiale dans l’État de Kogi, renforçant l’image d’une élue en butte à des pressions croissantes.
Cette affaire soulève des questions plus larges sur l’indépendance de la justice et la protection des lanceurs d’alerte au Nigeria. Si la plainte pour « diffamation » devait aboutir, elle pourrait avoir des répercussions sur la place des femmes dans les institutions politiques du pays et sur la liberté d’expression parlementaire. L’issue du dossier est attendue avec attention, alors que le climat politique se tend à Abuja.
Sur les réseaux sociaux, Natasha Akpoti refuse de céder. « Pour l’amour du pays et du peuple… Je reste inflexible, inébranlable et sans regrets pour défendre ma vérité », a-t-elle posté sur Instagram. Si ses partisans saluent son courage, ses adversaires l’accusent de ternir l’image des institutions. Le soutien international reste discret, même si certaines voix appellent à une enquête impartiale sur ses accusations initiales contre Akpabio. Cette affaire illustre la complexité et la fragilité du débat démocratique nigérian, où les femmes peinent encore à faire entendre leur voix.