Lors d’une récente rencontre avec le président Bola Ahmed Tinubu, Aliko Dangote, l’homme d’affaires nigérian, a exprimé son soutien aux réformes en cours à la tête de la NNPC Limited. Il a souligné que les défis rencontrés par sa raffinerie étaient en partie dus à l’ancienne gestion opaque de la compagnie pétrolière publique. En particulier, il a mis en lumière l’impact négatif des pratiques passées et a salué l’arrivée de la nouvelle direction comme un tournant positif pour le secteur.
Dangote a précisé que les « cabales » dont il avait parlé précédemment ne visaient pas la nouvelle direction de la NNPC, mais des groupes influents et des traders dans le secteur pétrolier. Selon lui, ces acteurs cherchaient à freiner les réformes engagées par le gouvernement Tinubu. Il a exprimé sa confiance en Bashir Bayo Ojulari et Ahmadu Musa Kida, respectivement directeur général et président non exécutif de la NNPC, estimant que cette équipe pourrait redresser l’entreprise en mettant l’accent sur la transparence et la performance durable.
Le milliardaire a pris soin de distinguer la nouvelle gestion de la NNPC de l’ancienne, qu’il critique indirectement. « Je savais qu’il y aurait un combat. Mais je ne savais pas que la mafia du pétrole était plus forte que la mafia de la drogue », avait-il déclaré en juin 2024, en faisant référence aux difficultés d’approvisionnement en brut qu’il rencontrait pour alimenter sa raffinerie. Ce site, qui peut traiter jusqu’à 650 000 barils par jour, représente une rupture avec un modèle économique nigérian jusque-là axé sur l’importation de carburants raffinés.
La gestion précédente de la NNPC a été marquée par un manque de transparence, notamment en raison de l’absence de publication des comptes audités de l’entreprise jusqu’en 2020. Le système d’échange de pétrole contre produits raffinés a alimenté des soupçons de détournements et de scandales. Les retards dans les réformes ont freiné les progrès de la raffinerie de Dangote, et des tensions sur l’approvisionnement en brut persistent encore aujourd’hui.
Un autre problème majeur concerne les quantités de pétrole fournies par la NNPC. Selon plusieurs sources, la compagnie ne livrerait qu’environ 300 000 barils par jour à la raffinerie, bien en dessous des besoins de production. Cette situation est exacerbée par des désaccords sur les prix et des contrats d’approvisionnement liés à des emprunts. Dans ce contexte, Dangote a dû se tourner vers des fournisseurs étrangers pour compenser le manque de brut local. La régulation du marché, notamment de la part de la NMDPRA, n’a pas facilité l’accès de Dangote aux prix compétitifs sur le marché interne.
La baisse de la production pétrolière au Nigeria, passée de 2,1 millions à 1,5 million de barils par jour en cinq ans, s’ajoute à ces difficultés. Si les pertes dues au vol de pétrole sont régulièrement évoquées, d’autres facteurs, tels que le retrait progressif des grandes compagnies pétrolières des champs terrestres, viennent également expliquer cette chute de la production. Ce désengagement marque un tournant dans le secteur, confronté à une crise de gestion et de financement dans un environnement économique mondial de plus en plus compétitif.