Le président nigérian, Bola Tinubu, fait face à une vive critique de la part de l’opposition, qui dénonce son absence prolongée du pays, alors qu’il séjourne en France depuis le 2 avril. Ce déplacement marque son huitième voyage en France depuis son investiture en juin 2023. L’opposition, notamment le Parti démocratique populaire (PDP), remet en question l’absence de Tinubu à un moment où la situation sécuritaire au Nigeria se dégrade de manière alarmante, notamment dans le centre du pays. Selon ses conseillers, le président devait initialement passer « une quinzaine de jours » en France pour des raisons de travail.
Le séjour actuel de Tinubu a été qualifié de « retraite » par ses collaborateurs, qui expliquent que ce voyage est l’occasion pour lui de faire un « bilan de mi-mandat ». Cependant, les détails précis du programme restent flous, et l’absence prolongée a alimenté des rumeurs selon lesquelles le président serait en France pour des raisons médicales. L’opposition s’empare de cette incertitude et exprime son mécontentement face à ce qu’elle considère comme un manque de transparence, d’autant plus que ce déplacement a eu lieu en pleine crise sécuritaire au Nigeria.
L’absence répétée de Tinubu en France suscite des interrogations, notamment à la lumière des précédents. L’ancien président Umaru Yar’Adua avait dû partir en traitement à l’étranger en 2009, et son absence prolongée pendant plusieurs mois avait fait l’objet de critiques. De même, les présidents précédents, Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhari, avaient été scrutés de près en raison de leurs voyages à l’étranger, alimentant la méfiance populaire face à une gestion opaque de leur état de santé.
Les critiques se font plus acerbes en raison de la situation sécuritaire au Nigeria, notamment dans les États du centre, où des affrontements intercommunautaires ont fait plus d’une centaine de morts récemment. Atiku Abubakar, leader du PDP, considère ce voyage comme une « insulte » envers la population nigériane, soulignant qu’à un moment où le pays est en proie à des tensions internes, le président aurait dû être présent pour gérer les crises en cours. Cette absence prolongée semble témoigner d’un manque d’empathie face aux souffrances du peuple.
Les accusations ont ravivé des suspicions chez les Nigérians, échaudés par le précédent de Yar’Adua, dont la santé fragile avait été un sujet de débat pendant sa présidence. Le départ de Tinubu a donc ravivé des inquiétudes quant à sa propre condition physique et à la gestion de l’exécutif en son absence. Cependant, la présidence a réagi en affirmant que le président reviendrait « après le week-end de Pâques » et que ses activités au Nigeria continuent à distance, notamment en communication avec ses collaborateurs pour suivre les menaces sécuritaires qui émergent dans le pays.
Malgré cette clarification, les tensions demeurent. Le séjour de Tinubu en France ne fait qu’ajouter à un climat de méfiance croissant parmi les Nigérians, qui attendent des réponses claires sur ses déplacements et l’avenir politique du pays. Le contexte actuel du pays, marqué par des violences intercommunautaires et une crise sécuritaire, place la présidence sous pression pour rassurer la population sur la gestion du pays et la santé de son dirigeant.