La Finlande dit « oui » à l’Otan. La décision a été annoncée, dimanche 15 mai, par le couple exécutif finlandais, président et Première ministre, qui se sont félicités d’un jour historique. Historique, car c’est la fin de la neutralité qui a servi de gouvernail à la politique étrangère finlandaise depuis la fin des années 1950.
C’est l’histoire d’un tout petit pays qui partage sa frontière avec un géant, et qui ne veut surtout pas se fâcher avec lui.
Ancienne province russe (de 1809 à 1917, date de son indépendance), la Finlande a été envahie par l’Union soviétique en 1939. En guerre avec l’URSS pendant la majeure partie de la Seconde Guerre mondiale, elle est contrainte durant la guerre froide à une neutralité forcée, sous le contrôle de Moscou. Un statut qualifié de « finlandisation » et qui reposait sur un équilibre politique et économique : une économie de marché, une autonomie intérieure, mais une souveraineté contrainte, à la différence des pays dits du bloc soviétique.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Finlandais forgent leur identité diplomatique autour du non-alignement. Ni Russie, ni Occident. Et pendant des années, rappelle le chercheur Louis Clerc, de l’université finlandaise de Turku, la Finlande joue les intermédiaires entre l’Est et l’Ouest : « La rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump s’est passée à Helsinki, bonne connaisseuse de la Russie et médiatrice entre la Russie et le monde. » En 1975 avait déjà eu lieu à Helsinki la première Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe qui engageait l’Est et l’Ouest à garantir les frontières de l’Europe.
Une neutralité qui ne peut plus exister
Mais durant les années 2000, le climat se dégrade. Tchétchénie, Géorgie, annexion de la Crimée, la Russie marche petit à petit sur tous ses voisins. Et l’amitié russo-finlandaise éclate pour de bon au moment de la guerre en Ukraine qui jette Helsinki dans les bras de l’Otan. « L’Otan apparaît d’abord et avant tout comme un moyen de dissuasion, poursuit Louis Clerc, au micro de Vincent Souriau du service international de RFI. Ces espoirs de l’après-guerre froide n’existent plus et cette idée d’une neutralité entre l’Ouest et la Russie n’a plus véritablement de possibilité d’exister. »
Techniquement, l’intégration de la Finlande au sein de l’Alliance atlantique ne devrait poser aucune difficulté, car les forces finlandaises, bien équipées et très préparées, mènent depuis longtemps des exercices militaires conjoints avec plusieurs États membres de l’Otan.