Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a entamé le 30 mai une visite officielle à Abidjan, marquée par une série d’entretiens avec les autorités ivoiriennes, dont son homologue Robert Beugré Mambé et le président Alassane Ouattara. Objectif déclaré : donner un nouvel élan aux relations entre les deux poids lourds économiques d’Afrique de l’Ouest, à travers la levée des entraves commerciales et un dialogue renforcé sur les enjeux sécuritaires régionaux.
Au sortir d’une séance de travail de 90 minutes avec une délégation ministérielle ivoirienne, Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité d’« avancer dans les six prochains mois » sur la suppression des barrières douanières et des « tracasseries administratives » qui freinent les échanges entre Dakar et Abidjan. Cette volonté d’intégration économique s’inscrit dans une démarche plus large d’harmonisation sous-régionale, à l’heure où les économies ouest-africaines cherchent à renforcer leur résilience.
Cette visite intervient dans un contexte géopolitique sensible. Deux semaines auparavant, Ousmane Sonko s’était rendu à Ouagadougou, ravivant les spéculations sur les positions diplomatiques du Sénégal vis-à-vis des régimes militaires de la région. Or, la relation entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso reste tendue. Face à ces fractures, Sonko a prôné une approche pragmatique et inclusive, déclarant œuvrer à une « sous-région pacifique, intégrée, tournée vers le développement et la stabilité ».

En rencontrant Alassane Ouattara, le Premier ministre sénégalais a élargi la discussion aux questions de sécurité régionale, alors que l’Afrique de l’Ouest fait face à la montée des groupes armés et à l’affaiblissement du G5 Sahel. Sonko, qui incarne une nouvelle génération de dirigeants en Afrique de l’Ouest, entend s’impliquer dans une refondation des alliances sous-régionales, à contre-courant d’un repli diplomatique observé chez certains États.
Ce déplacement à Abidjan confirme la volonté du gouvernement sénégalais de jouer un rôle pivot dans la recomposition des équilibres ouest-africains. En dépit des symboles, la visite s’est voulue concrète, orientée vers des résultats rapides en matière de commerce et de dialogue sécuritaire. Reste à voir si les engagements annoncés seront suivis d’effets durables dans un climat régional marqué par la défiance et les incertitudes.