L’ex-footballeur Pelé est décédé ce jeudi 29 décembre 2022, a annoncé sa famille. Joueur emblématique du Brésil des années 1950 à 1970, il était surnommé le « Roi » du football. Après sa retraite sportive, son aura avait largement dépassé les limites des terrains.
Une véritable légende du sport, l’un des plus beaux joyaux du football, tire sa révérence. Pelé est décédé ce jeudi 29 décembre 2022, à l’âge de 82 ans. Le mythique footballeur brésilien s’est éteint à l’Hospital Israelita Albert Einstein de Sao Paulo, où il avait été admis le 1er décembre pour une « réévaluation de son traitement par chimiothérapie ». Une tumeur au côlon lui avait été diagnostiqué en septembre 2021.
Mercredi 21 décembre, l’établissement hospitalier avait indiqué que le cancer de Pelé « progresse » et requiert « des soins plus importants pour traiter une insuffisance rénale et cardiaque ». L’ex-joueur a passé Noël entouré des siens à l’hôpital. « Nous t’aimons à l’infini, repose en paix », a écrit l’une de ses filles, Kely Nascimento, sur le réseau social Instagram.
De son vrai nom Edson Arantes do Nascimento, Pelé est depuis des décennies surnommé le « Roi » du football. C’est dire si son jeu et sa personnalité ont marqué l’histoire de ce sport.
Né le 23 octobre 1940 dans un foyer modeste de Três Corações (Minas Gerais), Pelé grandit auprès d’un père footballeur. Avec son club de Santos, qu’il rejoint à l’âge de 15 ans, il est onze fois champion du Brésil et enlève deux fois la Copa Libertadores (1962, 1963) et deux fois la Coupe Intercontinentale (1962, 1963), l’ancêtre du Championnat du monde des clubs.
« Trésor national » au Brésil
Longtemps déclaré « trésor national » par les autorités brésiliennes, et à ce titre intransférable, il finit néanmoins sa carrière en club au Cosmos de New York, de 1975 à 1977, avant de raccrocher les crampons. Il a alors 37 ans.
Mais sa réputation mondiale, c’est avant tout sous les couleurs auriverde de l’équipe nationale du Brésil qu’il la forge. Une sélection qu’il rejoint en 1958, à l’âge de 17 ans, et avec laquelle il remporte trois Coupes du monde – un record – en 1958, 1962 et 1970.
Attaquant vif et spectaculaire, Pelé s’était fait connaître par des gestes d’une virtuosité technique inédite qui ont fait de lui un véritable artiste du ballon rond. Une virtuosité en partie innée, mais également travaillée avec acharnement à ses débuts professionnels lors de séances qu’il s’imposa pour améliorer ses points faibles, ou durant des cours de karaté qu’il suivit pour apprendre à dribbler sans jamais tomber. Buteur insatiable, il avait inscrit 1 281 buts en 1 363 matchs.
Objet de tous les superlatifs, Pelé a marqué les esprits par des actions époustouflantes, au point de susciter l’admiration dans le camp même de ses adversaires d’un jour. Ainsi, en finale de Coupe du monde 1958, le gardien suédois Sigge Parling confessa avoir eu envie de l’applaudir après qu’il eut marqué à la suite d’un coup du sombrero enchaîné par une reprise de volée.
Une pudeur que n’eurent pas les supporteurs de Fluminense, un jour de 1961. Ils ont embrassé le génie qui a marqué contre leur équipe au terme d’un raid de 70 mètres au cours duquel il a éliminé sept adversaires. Et quand il ne marquait pas, Pelé impressionnait encore. En Coupe du monde 1970, son lob de 50 mètres frôlant le poteau de la cage tchécoslovaque et son grand pont sans toucher le ballon devant le gardien uruguayen ont stupéfié le monde entier.
Acteur, ministre et bienfaiteur
Après sa carrière, Pelé n’a jamais vraiment quitté la lumière médiatique. Figure habituelle de la publicité et de l’imaginaire collectif brésilien, il a été tour à tour acteur, compositeur de musique, ministre des Sports de 1995 à 1998 – un poste qui lui a permis de libérer le marché des transferts dans son pays –, mais aussi homme d’affaires, tout en multipliant les engagements humanitaires. L’Unicef l’a nommé ambassadeur de bonne volonté, tandis que l’ONU et l’Unesco lui ont également confié des missions officielles.
Nommé Meilleur athlète du XXe siècle par le quotidien sportif L’Équipe, par la Fifa ou encore par le Comité international olympique, Pelé est demeuré une légende vivante, toujours acclamé à chacune de ses nombreuses apparitions publiques.
Cette légende a toutefois été écornée par quelques épisodes que certains Brésiliens continuent de lui reprocher. Ainsi, il n’a jamais reconnu sa fille aînée – légitimée par une action judiciaire alors que Pelé avait refusé de se soumettre à des tests ADN. Certaines de ses positions politiques ont par ailleurs été critiquées dans son pays. Il s’est ainsi tenu à l’écart des débats sur le racisme, provoquant la colère de certains activistes noirs en soutenant que cette idéologie pouvait être surmontée par l’éducation, le travail et le professionnalisme. Ce qui a valu au joueur Romario la sortie suivante : « Pelé est un poète quand il se tait. » Et quand il joue au football, cela va sans dire…
RFI