Le président malawien Peter Mutharika a prêté serment samedi à Blantyre pour un nouveau mandat, promettant de faire de la lutte contre la corruption la priorité de son gouvernement. Dans son discours d’investiture, il a lancé un avertissement clair à ceux qui profitent des failles du système : « Le temps de la corruption et du pillage est révolu, et ceci est mon dernier avertissement », a-t-il déclaré devant une foule venue assister à la cérémonie.
Âgé de 85 ans, Peter Mutharika revient à la tête du Malawi après avoir remporté l’élection présidentielle du 16 septembre avec environ 3,04 millions de voix. Son principal rival, Lazarus Chakwera, du Parti du Congrès du Malawi (MCP), a recueilli près de 1,77 million de suffrages, selon les chiffres officiels de la Commission électorale (MEC). Mutharika, du Parti démocratique progressiste (DPP), s’est engagé à traduire en actes le « véritable changement » réclamé par les électeurs : « Nous avons voté pour le changement, nous avons accepté le changement, et je vous promets un véritable changement », a-t-il martelé.
L’ancien chef de l’État, qui avait déjà dirigé le pays entre 2014 et 2020, retrouve la présidence après plusieurs années passées en retrait de la scène politique. Son retour marque un tournant inattendu, dans un contexte où son image avait été ternie par des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme lors de son précédent mandat. En s’entourant de Jane Ansah, ancienne présidente de la MEC, désormais vice-présidente, Mutharika entend incarner une équipe de « renouveau et de discipline ».
Le Malawi fait face à une série de défis économiques et institutionnels. L’endettement public, la faiblesse de l’appareil productif et la méfiance envers la classe politique minent la confiance des citoyens. En se présentant comme le garant d’un « État intègre », Peter Mutharika veut restaurer la crédibilité des institutions et attirer de nouveaux investisseurs, dans un contexte régional marqué par la lutte contre la pauvreté et la corruption endémique.
Pour nombre d’observateurs, le succès du nouveau gouvernement dépendra de sa capacité à rompre avec les pratiques anciennes et à traduire en résultats concrets les promesses de réforme. La nomination de figures controversées comme Jane Ansah pourrait toutefois relancer le débat sur la transparence et la légitimité de l’élection. Reste à savoir si le président Mutharika saura transformer sa rhétorique de fermeté en véritable gouvernance de rupture, ou si son second mandat ne sera qu’un prolongement du statu quo.