À moins d’un an de la présidentielle camerounaise, la candidature de Maurice Kamto, figure de proue de l’opposition, reste menacée d’invalidation. Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, a affirmé le 16 juillet que le MRC, en raison de son boycott des législatives et municipales de 2020, ne peut légalement présenter de candidat à l’échéance de 2025. Une déclaration lourde de conséquences, alors même que Kamto s’apprête à déposer son dossier de candidature.
Le ministre, connu pour sa fermeté à l’égard de l’opposition, a profité de l’ouverture de la conférence des dix gouverneurs pour marteler sa position : l’ordre public sera « renforcé » et toute tentative de trouble à l’élection sera sévèrement réprimée. Il a expressément ciblé « la promotion du tribalisme » et « l’apologie du terrorisme ». Plus directement, il a fermé la porte à toute possibilité de voir le MRC aligner un candidat, affirmant que le débat était « clos ».
L’argument de l’exclusion du MRC repose sur un vide juridique : la loi camerounaise ne précise pas clairement qu’un parti ayant boycotté un scrutin est disqualifié pour les suivants. Ce flou est devenu un outil politique. En 2020, le MRC avait justifié son retrait des législatives par le manque de garanties démocratiques. Depuis, ses militants sont régulièrement ciblés par des arrestations, et son leader vit dans une incertitude politique permanente. Le bras de fer entre Kamto et le régime de Yaoundé dure depuis la présidentielle contestée de 2018.
Dans un climat de tension, un communiqué non signé annonçait quasi simultanément le dépôt de la candidature de Kamto pour ce vendredi. Ce document, sans en-tête officiel, a relancé les spéculations : Kamto se présentera-t-il sous la bannière du MRC, au risque d’un rejet de sa candidature ? Ou compte-t-il contourner l’obstacle en passant par un autre parti, comme le Manidem, évoqué mais non confirmé ? Cette option soulève d’autres questions sur sa cohérence politique et ses soutiens.
Même en cas de validation, Kamto devra faire face à un appareil d’État verrouillé et à une Commission électorale perçue comme inféodée au pouvoir. Mais sa candidature, au-delà de la compétition électorale, incarne une volonté de résister à l’effacement de l’opposition dans le paysage politique camerounais. Dans un contexte de fermeture démocratique croissante, l’éventualité de sa disqualification pourrait être perçue par ses partisans comme une énième preuve de la dérive autoritaire du régime.
À ce stade, plus que le scrutin lui-même, c’est la possibilité d’exister dans l’arène politique qui est en jeu pour Kamto et le MRC. En annonçant son intention de candidater malgré les obstacles, l’opposant semble déterminé à forcer le débat. Face à lui, Atanga Nji campe sur une position juridique discutable mais politiquement redoutablement efficace. Le match est engagé, bien avant le premier tour.