À quatre mois de la présidentielle ivoirienne, les avocats de Guillaume Soro ont affirmé que leur client demeure éligible, malgré le rejet de sa requête par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Pour eux, la décision rendue le 26 juin 2025 par la juridiction panafricaine ne constitue en rien une invalidation de ses droits politiques.
Selon la CADHP, l’ancien Premier ministre n’a pas épuisé les recours internes avant de saisir la Cour, ce qui rend sa requête irrecevable sur le plan procédural. En d’autres termes, la Cour ne s’est pas prononcée sur le fond du dossier, et attend que la justice ivoirienne, notamment la Cour de cassation, statue définitivement sur le cas Soro. Pour sa défense, cette précision est essentielle : elle signifie que l’instruction judiciaire est encore ouverte, et que la condamnation dont il a fait l’objet n’est pas définitive.
Cette bataille judiciaire s’inscrit dans un contexte tendu entre les autorités ivoiriennes et plusieurs figures de l’opposition. En 2020, la CADHP avait pourtant ordonné la suspension des poursuites contre Guillaume Soro et la libération de ses proches incarcérés, dénonçant des atteintes à leurs droits fondamentaux. Mais l’État ivoirien n’a pas exécuté ces décisions et a même retiré sa déclaration permettant aux citoyens de saisir la Cour africaine, illustrant un bras de fer persistant avec cette instance.
Malgré ce retrait, les avocats de Soro rappellent que les décisions rendues avant la dénonciation restent en vigueur et juridiquement contraignantes. Dans ce cadre, le pourvoi en cassation encore en cours bloque toute condamnation définitive. En l’état actuel, aucune disposition légale n’interdit à Soro d’être candidat ou électeur, affirment-ils.
Le cas de l’ancien président de l’Assemblée nationale est traité différemment de celui de Laurent Gbagbo. Ce dernier, également débouté par la CADHP, a vu sa condamnation pénale validée, ce qui empêche toute inscription sur les listes électorales. À l’inverse, Soro bénéficie d’une procédure toujours pendante, ce qui le maintient dans la course électorale.
Enfin, les avocats insistent sur la responsabilité de l’État ivoirien à respecter ses engagements internationaux, en particulier les ordonnances rendues par la CADHP en avril et septembre 2020. Ils appellent à la réintégration de leur client sur la liste électorale, en vertu du principe de présomption d’innocence et des textes en vigueur. Selon eux, toute tentative d’exclusion constituerait une violation grave des droits politiques fondamentaux.