Le Conseil national de sécurité (CNS) a annoncé, le jeudi 2 octobre, l’interdiction de toute manifestation publique visant à contester la décision du Conseil constitutionnel concernant la liste des candidats retenus pour la présidentielle du 25 octobre. Cette mesure survient alors que deux grandes formations de l’opposition s’apprêtaient à organiser, le 4 octobre, une marche pour réclamer un dialogue en faveur d’élections inclusives et transparentes.
Dans le même communiqué, le CNS a détaillé les dispositifs mis en place pour sécuriser la période électorale. Près de 44 000 éléments des Forces de défense et de sécurité seront mobilisés, avec des patrouilles mixtes, pédestres et motorisées. Les autorités justifient ce déploiement massif par la multiplication de propos jugés xénophobes, haineux ou subversifs, ainsi que la circulation de fausses informations susceptibles d’attiser les tensions.
Le CNS a insisté sur le caractère définitif des décisions du Conseil constitutionnel, qui ne peuvent faire l’objet d’aucun recours. C’est sur cette base que les ministres de la Justice et de la Sécurité ont reçu instruction d’interdire tout rassemblement visant à les remettre en cause. La préfecture a par ailleurs motivé l’interdiction de la marche de l’opposition par des risques sérieux de troubles à l’ordre public.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de méfiance croissante entre le pouvoir et l’opposition. Depuis la publication de la liste des candidats, plusieurs leaders politiques contestent l’exclusion de figures de premier plan, estimant que cela fragilise la crédibilité du processus électoral. Le rejet de ces candidatures, combiné à la restriction de l’espace public, alimente les critiques contre le gouvernement sur la transparence et l’équité du scrutin à venir.
À l’approche du scrutin du 25 octobre, la situation demeure fragile. Si le gouvernement insiste sur la nécessité de maintenir la stabilité et de prévenir toute dérive violente, l’opposition accuse le pouvoir de verrouiller le jeu électoral. Le risque de boycott ou d’escalade des tensions reste présent, ce qui pourrait affecter la participation et la légitimité de l’élection.
Le dilemme auquel la Côte d’Ivoire est confrontée illustre une tension récurrente en période électorale : garantir la sécurité sans restreindre les droits politiques. Le recours à l’interdiction systématique des manifestations pourrait accentuer le sentiment d’exclusion de certains acteurs et nourrir un climat de confrontation. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si le pays s’engagera vers une présidentielle apaisée ou vers une crise de confiance accrue.