Le 25 octobre 2025, plus de 8,7 millions d’électeurs ivoiriens sont appelés à choisir leur président parmi cinq candidats, dont le chef d’État sortant, Alassane Ouattara, qui vise un quatrième mandat. Le scrutin a débuté, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, sous une surveillance sécuritaire renforcée.
Dans la capitale économique comme dans d’autres localités, l’ouverture des bureaux de vote est encadrée par un dispositif policier et militaire. À Marcory, sud d’Abidjan, des agents de l’ordre étaient déjà présents à l’ouverture des centres, certaines sections n’ayant pas encore accueilli de votants à 8h30. Les entrées étaient filtrées : une policière confiait qu’il lui fallait « rendre compte » après avoir photographié une accréditation presse. Cette implication directe des forces de sécurité souligne l’intensité du contrôle autour du scrutin.
Ce vote intervient après que plusieurs figures majeures de l’opposition, notamment l’ex-président Laurent Gbagbo (via le parti PPA-CI), Tidjane Thiam (PDCI) et Affi N’Guessan (FPI) ont vu leur candidature invalidée. Le contexte rappelle que la Côte d’Ivoire a déjà connu d’importantes crises post-électorales : en 2010, une guerre civile avait fait environ 3 000 morts. Le débat constitutionnel sur la légitimité d’un quatrième mandat pour Ouattara fragilise encore davantage la confiance citoyenne.
La présidentielle pourrait sceller une prolongation du pouvoir en place ou ouvrir une ère d’alternance – mais cette dernière semble affaiblie. Le fait que les principaux adversaires n’aient pas pu concourir affaiblit la compétition. Le scrutin sera scruté de près par des observateurs internationaux, car son issue pourrait déterminer non seulement la trajectoire politique du pays, mais aussi sa stabilité économique. Le déploiement de milliers de soldats, y compris dans les bureaux de vote, montre que les autorités redoutent des incidents susceptibles de déclencher un conflit plus large.
Le choix de maintenir une forte présence sécuritaire pose question : assure-t-on la transparence ou manifeste-t-on la défiance envers l’électorat ? L’appel de l’opposition à « ne pas voter » et sa dénonciation d’un « braquage » électoral (pour reprendre les mots de Gbagbo) illustrent un fossé grandissant entre ceux au pouvoir et ceux exclus du jeu politique. L’organisation de l’élection paraît donc se faire plus par souci de légitimité extérieure que par engagement réel envers la pluralité démocratique. Les observateurs internationaux et les médias livreront leurs rapports dans les jours qui viennent : ils seront essentiels pour juger de la sincérité du scrutin et de sa capacité à éviter une nouvelle flambée de violence.



