Au procès du massacre du stade de Conakry, la parole était aux parties civiles mercredi 21 décembre. Beaucoup moins expansif que les jours précédents, Moussa Dadis Camara a refusé de répondre à certaines questions des avocats. En tant que président de la transition à l’époque, il est, selon les parties civiles, l’un des principaux responsables de la répression sanglante du meeting de l’opposition qui a fait plus de 150 morts.
Sixième comparution et Moussa Dadis Camara a perdu de sa verve.
« Les bérets rouges sont-ils formés pour tuer ou pour le maintien de l’ordre ? » demande un avocat de la partie civile. « Je ne sais pas ». « Vous ne savez pas en tant que béret rouge… »
Le capitaine s’enferme dans le silence. « Mais sachez que, en droit et plus précisément ici dans ce procès, qui ne dit mot consent » : l’avocat répète cette phrase plusieurs fois. Comme pour souligner qu’en esquivant les questions, Moussa Dadis Camara risque bien de s’accuser lui-même.
« Tous ces cadres relèvent de vous ! »
« Monsieur le président, suite au massacre, vous avez ordonné l’enlèvement de corps et le nettoyage du stade du 28-Septembre. C’était pour dissimuler les preuves ? » « Le stade est géré par un ministère, c’est la réponse à votre question », dit l’ancien président. « Je sais que le stade a un directeur, un ministre du Sport, mais tous ces cadres relèvent de vous ! » Dadis refuse de répondre, de nouveau.
Moussa Dadis Camara semble déjà lassé, fatigué même par les questions des avocats. « Est-ce que vous êtes prêt à livrer votre part de vérité ? » « Comme toujours. » « Capitaine Moussa Dadis Camara, à quel moment vous avez appris que les leaders allaient organiser un meeting d’information ? » « J’avais déjà parlé de ça, je ne veux plus revenir là-dessus. »
Le chef de la junte, au pouvoir entre 2008 et 2009, s’enferme dans le silence. Il s’accroche à sa version : le massacre du stade de Conakry a été, dit-il, « orchestré » par son aide de camp, son ministre de la Défense et le président Alpha Condé.
« Aucune institution républicaine n’a été attaquée »
« Vous avez parlé au pôle du juge d’instruction de la thèse d’un complot contre vous. Quand un chef d’État est victime d’un complot, il procède à l’arrestation immédiate des soi-disant comploteurs. Est-ce que vous l’aviez fait, Monsieur le président ? », demande un avocat des parties civiles. Dadis ne répond pas.
Le conseil poursuit : « La présidence n’a pas été attaquée, aucune institution républicaine n’a été attaquée, comment est-ce que vous expliquez ça ? Est-ce que ce n’est pas vous qui avez comploté contre les manifestants, Monsieur le président ? »
L’audience s’est terminée peu après 17h, l’affaire a été renvoyée au 9 janvier 2023. Le procès reprendra après les fêtes. Les avocats de la défense ne se sont pas encore exprimé. Moussa Dadis Camara devrait donc comparaître plusieurs fois encore.
RFI