Le tribunal de Paris a rendu son verdict lundi dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs du Rassemblement National (RN). Marine Le Pen, cheffe de ce mouvement politique, a été reconnue coupable de détournement de fonds publics. Elle a été condamnée à quatre ans de prison, dont deux fermes aménagés sous bracelet électronique, ainsi qu’à une peine d’inéligibilité de cinq ans, exécutée immédiatement. Cette décision judiciaire pourrait sérieusement compromettre ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2027, qu’elle poursuit depuis plusieurs années.
Outre Marine Le Pen, neuf eurodéputés du RN, ainsi que douze assistants parlementaires, ont été jugés coupables dans cette affaire. Le préjudice total a été estimé à 2,9 millions d’euros, soit les fonds détournés du Parlement européen. Le tribunal a estimé que ces fonds avaient servi à financer des emplois fictifs pour le parti d’extrême droite, sans que ces personnes n’effectuent les tâches normalement attendues. La condamnation d’inéligibilité de cinq ans est d’autant plus marquante qu’elle entre en vigueur immédiatement, rendant toute tentative d’appel inefficace sur ce point.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tension croissante entre le RN et les institutions européennes. Depuis plusieurs années, le parti de Marine Le Pen fait l’objet de nombreuses enquêtes sur l’utilisation des fonds publics alloués à ses eurodéputés. Ce jugement survient après plusieurs mois d’enquête et deux mois de procès. Les peines prononcées reflètent la gravité des accusations de détournement et de recel, touchant à la fois des figures de proue du RN et des membres de son entourage. Cette condamnation s’ajoute à d’autres affaires judiciaires dans lesquelles le RN est impliqué, renforçant l’image d’un parti en proie à des dérives financières.
La peine d’inéligibilité immédiate représente un coup dur pour Marine Le Pen, particulièrement en vue de la présidentielle de 2027, où elle était créditée d’un fort soutien populaire. Selon un récent sondage, elle figurait en tête des intentions de vote, avec une estimation de 34 à 37 % pour le premier tour. Toutefois, cette condamnation pourrait sérieusement écorner sa popularité et nuire à sa capacité à se présenter. Même si elle envisage de faire appel, l’impact immédiat de la peine pourrait, selon les analystes, fragiliser sa position dans le paysage politique français.
Le RN, en tant qu’entité, n’a pas été épargné par la décision du tribunal. Le parti a été condamné à une amende de deux millions d’euros, dont un million ferme. Cette condamnation financière survient alors que le RN traverse une période délicate de gestion de ses finances, déjà fragilisée par des enquêtes et des dénonciations d’irrégularités. De plus, le vice-président du RN, Louis Aliot, a été condamné à 18 mois de prison, dont six mois ferme, aménagés sous bracelet électronique, et trois ans d’inéligibilité, une peine plus clémente en raison de son rôle marginal dans l’affaire.
En tout, vingt-deux prévenus ont été condamnés dans le cadre de cette affaire. Les peines de prison varient, allant de six mois avec sursis à quatre ans, dont deux fermes, pour certains prévenus. L’application de peines d’inéligibilité, parfois avec sursis, a aussi été décidée en fonction de la gravité des faits reprochés à chaque individu. Un seul prévenu a été relaxé, ce qui souligne la sévérité de la procédure et des conséquences pour les responsables de cette affaire de détournement de fonds publics.