Ce lundi, s’ouvre à Dakar le procès en appel d’Ousmane Sonko, opposant politique sénégalais. Il avait été condamné en première instance pour diffamation contre le ministre du tourisme. Le plaignant ayant fait appel du jugement, l’affaire est de nouveau portée devant la justice. Toutefois, le procès en appel suscite de fortes tensions dans la capitale sénégalaise. En effet, les précédentes convocations de l’opposant avaient provoqué des heurts entre forces de l’ordre et partisans.
La vente de carburant en vrac a été interdite et la circulation des motos dans la région de Dakar a également été restreinte « pour des raisons de sécurité ». Cette mesure préventive a été prise pour éviter d’éventuels débordements lors de l’audience. Pour Ousmane Sonko, cette affaire est un complot visant à lui retirer ses droits civiques, dans l’optique de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
Les implications politiques de l’affaire
L’issue du procès en appel est cruciale pour l’opposant politique. En effet, même s’il reste éligible pour l’élection présidentielle de 2024, une peine plus lourde pourrait changer la donne. Deux semaines plus tôt, le procureur avait requis deux ans de prison dont un an ferme. Ses soutiens ont d’ores et déjà critiqué la précipitation de l’audience en appel, qui a été programmée moins d’un mois après le jugement en première instance.
La situation est particulièrement tendue, alors que Bassirou Diomaye Faye, n°2 du Pastef, a été arrêté vendredi dernier pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux le comportement de certains juges dans cette affaire. Le camp présidentiel reproche quant à lui à l’opposition de vouloir « entraver la marche normale de la justice ». Ousmane Sonko est également poursuivi dans une affaire de viols, dont la date du procès n’est pas encore fixée.
Des enjeux électoraux importants
Les enjeux politiques de cette affaire sont de taille, notamment pour Ousmane Sonko et son parti Pastef. Bien que l’opposant reste pour l’instant éligible pour la présidentielle de 2024, une peine plus lourde dans l’affaire de diffamation pourrait remettre en cause sa candidature. Par ailleurs, les tensions politiques et sociales autour de cette affaire risquent de s’intensifier. Le président Macky Sall, qui a récemment fait modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, est contesté par une partie de l’opinion publique. Les mouvements de protestation contre son régime ont été particulièrement virulents ces dernières années, marqués par des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre.