Le procès de l’ancien président congolais Joseph Kabila, ouvert en juillet 2025 devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, entre dans sa phase décisive. Accusé de collusion avec les rebelles du M23/AFC, l’ex-chef de l’État est jugé par contumace. Les parties civiles exigent des réparations colossales, estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Les griefs retenus contre Joseph Kabila sont lourds. Les parties civiles l’accusent d’avoir parrainé les exactions attribuées au M23/AFC, responsable de massacres, viols, tortures, pillages et attaques contre des populations civiles. Les avocats de la partie plaignante sont allés plus loin, mettant en doute sa nationalité et le décrivant comme un « sujet rwandais », réclamant à ce titre qu’il soit condamné pour espionnage.
Le gouvernement congolais, représenté par ses avocats, réclame près de 25 milliards de dollars de réparations. Les provinces les plus touchées par les violences, notamment le Sud-Kivu, l’Ituri et le Nord-Kivu, demandent 21 milliards supplémentaires et la saisie des avoirs bancaires de l’ancien président. Le procureur général de l’armée doit présenter son réquisitoire ce vendredi, une étape décisive pour la suite du procès.
Ce procès survient dans un climat politique tendu en RDC, où la mémoire du conflit dans l’Est reste vive. Les accusations visent un ancien président qui a dirigé le pays pendant près de deux décennies, de 2001 à 2019. Pour ses partisans, il ne s’agit pas d’un exercice de justice mais d’un règlement de comptes politique. Néhémie Mwilanya Wilondja, ex-chef de cabinet de Kabila, dénonce un « crime d’État » dont les effets, selon lui, marqueront durablement la société congolaise.
Si la justice confirme les demandes de réparations, l’addition pour Kabila pourrait atteindre des montants inédits. Mais au-delà de la faisabilité de telles sanctions, la question centrale reste celle de l’impact politique et symbolique. La décision de la Haute Cour militaire pourrait redessiner les rapports de force entre les institutions congolaises, la classe politique et l’opinion publique, déjà profondément divisée sur le legs de l’ancien président.
Les avocats des parties civiles affirment vouloir rendre justice aux victimes, mais pour de nombreux observateurs, la procédure soulève des doutes sur son indépendance. Le recours à des arguments identitaires, comme la remise en cause de la nationalité de Kabila, illustre un mélange explosif entre droit et politique. Quelle que soit l’issue du procès, il pourrait devenir un précédent lourd de conséquences pour la justice congolaise et sa crédibilité.