Début juillet 2025, Société Générale a rompu avec son accord collectif signé en 2021 sur le télétravail. La banque française impose désormais un retour plus marqué au bureau, limitant fortement les jours de travail à distance. Cette décision, annoncée par son directeur général Slawomir Krupa, a provoqué une levée de boucliers des syndicats, inquiets d’un recul social et d’une remise en cause des acquis négociés.
Pour Krupa, la performance repose avant tout sur les échanges directs et la créativité collective, difficiles à maintenir derrière un écran. La direction estime que la cohésion interne, fragilisée par la dispersion des équipes, nécessite une présence physique accrue. Ce discours, perçu comme un ultimatum, a rapidement tendu le climat social au sein de la banque, où les représentants du personnel dénoncent un passage en force.
Société Générale s’inscrit dans une tendance plus large. Aux États-Unis, Google, Amazon, Goldman Sachs et JP Morgan ont imposé un retour massif au bureau, parfois à temps plein. En Europe, BNP Paribas et Volkswagen ont suivi, réduisant les marges de manœuvre accordées aux salariés. Partout, les directions défendent l’idée que la collaboration et l’innovation se nourrissent mieux en présentiel que via des visioconférences. Ces choix s’appuient aussi sur des enquêtes soulignant les effets négatifs du télétravail prolongé sur la santé mentale, l’isolement et le burnout.
Sur le continent africain, le télétravail reste encore marginal et cantonné à certains secteurs comme la tech, la finance ou les ONG. Les obstacles sont structurels : faible taux d’accès à Internet (37 % en 2023), infrastructures limitées, couverture 4G et 5G incomplète, et équipements inadaptés. À cela s’ajoute une culture managériale dominée par le présentiel et une absence de cadre légal dans la plupart des pays. Pourtant, l’intérêt progresse, notamment dans les grandes métropoles, où le télétravail est perçu comme un levier de flexibilité et d’inclusion.
Si l’exemple occidental incite à la prudence, le télétravail conserve un potentiel réel en Afrique. Il pourrait contribuer à désengorger les grandes villes, offrir de nouvelles opportunités professionnelles aux femmes et aux populations périphériques, et favoriser la transition numérique. Mais sa diffusion dépendra d’investissements massifs dans les infrastructures, d’une adaptation des pratiques managériales et de la mise en place de règles claires pour encadrer ce mode de travail. Sans cela, le risque est grand de voir l’Afrique reproduire les mêmes écueils que l’Occident, sans bénéficier pleinement des avantages promis.