Selon un rapport publié le 9 juillet par l’ONG Oxfam, les quatre hommes les plus riches d’Afrique détiennent une fortune supérieure à celle de la moitié de la population du continent. Une situation révélatrice des inégalités extrêmes qui persistent, voire s’aggravent, alors que l’Afrique reste la seule région du monde où l’extrême pauvreté progresse encore.
En 2000, aucun milliardaire n’était recensé sur le continent. Ils sont aujourd’hui 23, avec une richesse cumulée estimée à 112 milliards de dollars. Pendant ce temps, des millions d’Africains basculent dans la misère. Oxfam dénonce la concentration de la richesse entre les mains d’une minorité : les 5 % les plus riches possèdent près de 4 000 milliards de dollars, soit deux fois plus que la richesse de l’ensemble des 95 % restants.
Cette concentration des richesses s’explique en partie par un environnement fiscal favorable aux grandes fortunes. Deux tiers des pays africains n’appliquent aucun impôt sur les successions, et beaucoup ont réduit ou supprimé l’impôt sur la fortune. L’ONG accuse les gouvernements de passivité, voire de complaisance, dans leur refus d’instaurer une fiscalité plus équitable.
Profitant de l’ouverture du sommet de coordination de l’Union africaine à Malabo, Oxfam appelle les dirigeants à prendre leurs responsabilités. L’organisation demande une réforme fiscale d’envergure, ciblant notamment les grandes fortunes, afin de financer les services publics et réduire les inégalités.
Quelques pays africains prennent déjà des initiatives que l’ONG cite en exemple. Le Maroc impose une taxe foncière, tandis que le Kenya a triplé son impôt sur les gains en capital, générant 64 millions de dollars supplémentaires chaque année. L’Afrique du Sud figure également parmi les États plus engagés sur la question de la fiscalité des riches.
Derrière les chiffres, c’est l’incapacité des États à redistribuer équitablement les ressources qui est en cause. Tant que l’enrichissement d’une minorité ne sera pas régulé et que les plus pauvres resteront exclus des bénéfices de la croissance, les tensions sociales risquent de s’aggraver. Taxer les plus fortunés n’est pas qu’une question de morale : c’est une condition pour construire des économies africaines plus justes et plus résilientes.