Le Québec suspend temporairement l’immigration permanente
Le gouvernement québécois, dirigé par François Legault, a décidé de suspendre temporairement deux programmes d’immigration permanente, le Programme de l’expérience québécoise destiné aux étudiants étrangers diplômés (PEQ-Diplômés) et le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ). Ce moratoire de huit mois, en vigueur jusqu’au 30 juin 2025, vise à freiner une hausse des nouveaux arrivants jugée trop importante, et à permettre une meilleure gestion des seuils d’immigration pour les années à venir.
Cette suspension concerne des programmes représentant plus de la moitié de l’immigration permanente annuelle du Québec, en particulier ceux favorisant l’intégration des travailleurs qualifiés et des étudiants étrangers. Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a souligné la popularité croissante de ces programmes, indiquant que les admissions risquaient de dépasser largement les prévisions, ce qui nécessitait un ajustement pour garantir une capacité d’accueil conforme aux objectifs du gouvernement. Désormais, Québec tiendra également compte des immigrants temporaires dans sa planification globale.
Cette décision intervient dans un contexte où l’immigration au Québec a connu des ajustements notables au cours des dernières années. En 2019, le seuil d’immigration a été abaissé à 40 000 nouveaux arrivants, avant de repartir à la hausse pour atteindre plus de 50 000 par an depuis 2021. En 2022, 68 700 immigrants permanents ont été accueillis, contre 52 800 en 2023. Le gouvernement souhaite désormais ajuster ces chiffres afin de mieux maîtriser l’intégration des nouveaux arrivants, tout en prenant en compte le développement de l’immigration temporaire.
En parallèle de cette suspension, Québec envisage des scénarios de réduction des seuils d’immigration pour les prochaines années, à compter de 2026. Jean-François Roberge prévoit de lancer des consultations au printemps 2025, dans le but de déterminer les orientations futures en matière d’immigration. Contrairement aux années précédentes, ces consultations incluront des scénarios de baisse, marquant un tournant dans la gestion de l’immigration au Québec.
Pour la première fois, la nouvelle planification tiendra compte des immigrants temporaires, dont le nombre a doublé en deux ans pour atteindre environ 600 000 personnes. En réponse à cette explosion, le gouvernement Legault souhaite réduire de moitié cette catégorie et a récemment déposé un projet de loi visant à limiter l’afflux d’étudiants étrangers. En parallèle, des mesures ont été prises avec Ottawa pour réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires accueillis, soulignant une volonté de maîtriser tous les aspects de l’immigration.
Les récentes annonces du gouvernement Legault rejoignent certaines propositions faites par l’opposition, notamment par le Parti Québécois, qui appelle également à une réduction des seuils d’immigration. Paul St-Pierre Plamondon, chef du PQ, souhaite limiter l’immigration permanente à 35 000 personnes par an en privilégiant l’immense bassin d’immigrants temporaires déjà présents au Québec. Toutefois, le ministre Roberge critique cette approche, affirmant que le Parti Québécois risque de négliger les besoins du marché du travail en réduisant la part des travailleurs qualifiés francophones.