Difficultés économiques et budgétaires, insécurité, accusations de mauvaise gouvernance, et velléités de troisième mandat présidentiel : les ingrédients de la chute de François Bozizé, président de la République centrafricaine (RCA) de 2003 à 2013, sont-ils toujours d’actualité dix ans plus tard en RCA ?
Il y a tout juste 10 ans, la rébellion Seleka renversait François Bozizé et prenait le pouvoir en Centrafrique. La fin de plusieurs années de conflit, mais aussi le début d’un nouveau cycle de violences dont les conséquences continuent de se faire sentir aujourd’hui. À Bangui, beaucoup estiment que les ingrédients de la crise de 2012-2013 sont toujours réunis aujourd’hui.
Société civile et adversaires du président Faustin-Archange Touadéra n’hésitent pas à faire le parallèle. Difficultés économiques et budgétaires, insécurité, accusations de mauvaise gouvernance, et velléités de troisième mandat présidentiel : les causes de la chute de François Bozizé, comme avant lui d’Ange-Félix Patassé, sont toujours là, selon l’ex-Premier ministre de transition en 2013, Nicolas Tiangaye.
« Non, les causes n’ont pas changé, affirme celui qui avait assisté au délitement de l’État, au micro de François Mazet. Cet entêtement, ce refus de tenir compte des aspirations profondes de la population et de faire à sa guise par la prédation et ensuite, par les violations graves des droits de l’homme. C’est tout cela qui concourt à créer une instabilité dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences ».
« Je suis convaincu que les leçons ont été tirées »
Les dirigeants actuels du pays récusent les craintes pour la stabilité. Ils estiment qu’elles sont alimentées de l’extérieur. Le député Mathurin Dimbelet-Nakoé est un des leaders de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale. « Moi, je pense personnellement que la communauté internationale devrait plutôt appuyer les efforts du gouvernement pour mettre définitivement fin à ce genre de chose, lance-t-il. Je suis convaincu que les leçons ont été tirées puisqu’aujourd’hui, concernant les raisons initiales évoquées sur le développement des régions, on est en train de les développer : il y a une route, nous construisons de nouvelles écoles. Tous les Centrafricains sont d’accord maintenant, il faut tourner la page de la rébellion et se mettre résolument au travail ».
Pour tenter de tourner la page, plusieurs accords politiques ont été signés. Celui de Khartoum en 2019 fait toujours référence pour le gouvernement. Mais pour ses opposants, il n’a jamais fonctionné et les groupes rebelles qui se sont retrouvés dans la Coalition des patriotes pour le Changement (CPC) en 2020 continuent de mener des attaques dans de larges portions du territoire.