Dans le sud-est de la République démocratique du Congo, une opération inédite de pose de colliers GPS sur des éléphants a débuté le 17 mai au sein du parc national de l’Upemba. L’objectif est de mieux suivre les déplacements des animaux, d’anticiper les conflits avec les populations locales et de renforcer la lutte contre le braconnage.
Une dizaine de colliers seront posés sur les éléphants, principalement sur les meneurs de groupes, pour collecter des données précises sur leurs déplacements. Les responsables du parc espèrent ainsi identifier les zones de passage les plus fréquentées, surveiller les incursions hors du périmètre protégé et intervenir rapidement si les animaux s’approchent de zones habitées. Cette surveillance pourrait aussi contribuer à réduire le risque d’abattage illégal, un fléau persistant dans cette région.
Le parc de l’Upemba, situé dans l’ancien Katanga, abrite aujourd’hui un peu plus de 200 éléphants. Bien qu’il soit l’un des plus anciens parcs de la RDC, il souffre encore d’un manque de moyens pour assurer une protection efficace de sa faune. Le territoire n’est pas clôturé, ce qui favorise les incursions des pachydermes vers des zones agricoles, où ils peuvent détruire des cultures, suscitant parfois des représailles violentes. Le braconnage, souvent motivé par la demande d’ivoire, représente une autre menace constante.
En parallèle de cette campagne de géolocalisation, des prélèvements ADN sont effectués afin de mieux comprendre la génétique des éléphants d’Upemba. L’analyse permettra notamment de vérifier s’il s’agit d’éléphants de savane « purs », une information importante pour les chercheurs et les gestionnaires du parc, soucieux de conserver la diversité génétique de l’espèce.
Cette opération marque une étape dans une stratégie plus large de conservation. Les données collectées grâce aux colliers GPS permettront d’identifier les zones vitales à préserver et d’ajuster les efforts de surveillance sur le terrain. Pour Ruffin Mpanga, responsable du biomonitoring dans le parc, ces informations serviront à renforcer les capacités de réaction en cas de mouvement inhabituel des troupeaux. L’idée étant de créer un filet de protection intelligent, sans perturber les habitudes naturelles des animaux.
Alors que les éléphants disparaissent à un rythme alarmant dans plusieurs régions d’Afrique, cette initiative en RDC montre une volonté de s’appuyer sur des outils scientifiques pour mieux cohabiter avec la faune sauvage. Mais elle rappelle aussi la fragilité des écosystèmes congolais, souvent négligés dans les politiques publiques. Une mobilisation durable et des financements pérennes seront nécessaires pour que ce type d’opération ait un réel impact à long terme.