Avec les nominations de Jean-Pierre Bemba au ministère de la Défense et de Vital Kamerhe à celui de l’Économie ce 24 mars 2023, le gouvernement congolais se dote de deux poids lourds de la politique. Des renforts dans la perspective de l’élection présidentielle du 20 décembre durant laquelle le président Félix Tshisekedi brigue un deuxième mandat.
En République démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi a remanié son gouvernement dans la nuit du 23 au 24 mars 2023. Une annonce qui intervient à quelques mois de l’élection présidentielle du 20 décembre et pour laquelle le chef de l’État est candidat à un deuxième mandat.
Le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a été reconduit dans ses fonctions, mais deux poids lourds de la politique congolaise font leur entrée dans cette nouvelle équipe gouvernementale : Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président qui a passé plusieurs années à la Cour pénale internationale (CPI) avant d’être acquitté en 2018, et Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, condamné en 2020 à 20 ans de prison pour détournement de fonds avant d’être acquitté en appel en 2022.
Cela faisait plusieurs mois que ce remaniement était annoncé et attendu à Kinshasa, depuis en réalité le mois de décembre et la démission de plusieurs ministres membres du parti de Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidence. Sa formation, Ensemble, était alors présent dans l’Union sacrée, la coalition politique autour du président Tshisekedi.
Deux poids lourds de l’Union sacrée, la coalition autour du président Tshisekedi
Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe sont deux poids lourds de cette coalition. Leur entrée au gouvernement parait logique, mais cela reste une surprise pour le premier. On le savait proche du chef de l’État à qui il parle très régulièrement selon un de ses proches. Ces dernières semaines, il se disait très concerné par la crise sécuritaire dans l’est du pays et avait, il y a quelques années déjà, proposé au président une réforme de l’armée. Son arrivée au portefeuille de la Défense parait donc cohérente.
Pour Vital Kamerhe, c’est la suite logique après la fin de sa disgrâce consécutive à son acquittement. Il faut rappeler qu’avant ses ennuis judiciaires, il était le tout puissant directeur de cabinet du président et avait été en charge du programme des 100 jours, de grands travaux initiés en grande pompe par le chef de l’État au début de son mandat. Des proches de Vital Kamerhe le voyaient même nommé à la tête du gouvernement. Finalement, il prend l’Économie mais avec un rang de vice-Premier ministre.
La présidentielle en ligne de mire
Avec ces deux entrées de poids au gouvernement, c’est évidemment la présidentielle que le chef de l’État a en ligne de mire. Des candidatures de Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe n’étaient pas totalement exclues. Respectivement à la tête du Mouvement de libération du Congo (MLC) et de l’Union pour la nation congolaise (UNC), les deux hommes ont des formations politiques bien ancrées dans le paysage congolais.
Et à eux deux, ils représentent des régions importantes. Le Nord pour Jean-Pierre Bemba et l’Est du pays pour Vital Kamerhe. Avec une base électorale historiquement au Kasaï, un Premier ministre du Katanga, le président Tshisekedi tisse sa toile électorale en vue du scrutin de décembre.