La tension entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda continue de monter. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle M23 qui combat dans l’est du pays. Cette fois, le gouvernement congolais s’en prend aux contrats de sponsoring signés entre le Rwanda et trois grandes équipes de football : le Paris Saint-Germain (PSG), Arsenal et le Bayern Munich. La RDC demande à ces clubs de mettre fin à leurs accords avec la campagne touristique « Visit Rwanda », affirmant que ces partenariats bénéficient à un pays impliqué dans un conflit armé.
Dans une lettre envoyée aux dirigeants des clubs concernés, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, remet en question l’éthique de ces accords publicitaires. Elle estime que promouvoir l’image du Rwanda, alors que ce pays soutient un groupe rebelle actif dans l’est de la RDC, est inacceptable. « Votre sponsor est directement responsable de cette misère », écrit-elle, appelant les clubs à réfléchir aux conséquences de ces partenariats. Cette prise de position s’inscrit dans la volonté de Kinshasa de sensibiliser l’opinion internationale sur le rôle de Kigali dans cette crise.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda ne datent pas d’hier. Depuis des années, le Rwanda est accusé d’appuyer des groupes armés qui opèrent dans l’est de la RDC, une région riche en ressources minières. Le M23, principalement composé de Tutsi congolais, avait déjà pris Goma en 2012 avant d’être repoussé par une intervention militaire. Depuis 2021, il a repris ses attaques et contrôle certaines zones stratégiques. Kinshasa considère que Kigali cherche ainsi à exploiter les ressources du pays pour son propre bénéfice.
Si les clubs de football concernés décidaient de rompre leurs contrats avec le Rwanda, cela affaiblirait la stratégie d’influence de Kigali, qui utilise le sport pour améliorer son image à l’international. En revanche, si ces clubs choisissent d’ignorer ces accusations, ils risquent d’être critiqués pour leur manque de responsabilité face aux enjeux géopolitiques. Cette affaire soulève ainsi un débat plus large sur le rôle des sponsors et des grandes marques dans des conflits internationaux.
L’affaire commence à mobiliser l’opinion publique. En France, un supporter du PSG a récemment lancé une pétition demandant à Nasser Al-Khelaïfi, le président du club, de ne pas renouveler le partenariat avec le Rwanda. Cette initiative illustre une prise de conscience croissante quant aux implications politiques du sponsoring sportif. Il reste à voir si ces pressions auront un impact sur la décision des clubs concernés.
Pour le moment, les clubs de football impliqués n’ont pas réagi officiellement aux demandes de Kinshasa. Toutefois, cette polémique met en lumière la responsabilité des entreprises et des institutions sportives face aux conflits internationaux. Alors que le sport est souvent utilisé comme un outil de communication et de diplomatie, cette affaire pose la question des limites entre stratégie commerciale et engagement éthique.