Après plus de trois mois de discussions menées sous médiation qatarienne, le gouvernement congolais et le mouvement rebelle AFC/M23 ont signé, le 19 juillet à Doha, une déclaration de principes visant à ouvrir la voie à un accord de cessez-le-feu permanent. Ce texte constitue la première étape officielle vers un processus de paix structuré, dans une région de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) marquée par une instabilité persistante.
La déclaration prévoit trois piliers : la mise en place d’un mécanisme de cessation durable des hostilités, un plan de restauration de l’autorité de l’État dans les zones concernées, et un cadre pour des négociations futures. Le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a rappelé que ce document s’inscrit dans une dynamique entamée depuis quatre mois, en insistant sur la primauté du respect de la Constitution. Jacquemain Shabani, ministre de l’Intérieur, a lui salué « une étape-clé vers l’accord de paix ».
Cette avancée intervient moins d’un mois après la signature, à Washington, d’un accord bilatéral entre Kinshasa et Kigali, destiné à désamorcer les tensions régionales. L’AFC/M23, qui s’est emparé de plusieurs localités stratégiques dans le Nord-Kivu lors de son offensive de janvier-février, tenait à négocier séparément avec Kinshasa, en dehors du cadre du dialogue avec le Rwanda, son principal soutien selon les autorités congolaises. Cette exigence a fini par être entérinée par les parties lors des discussions à Doha.
L’accord de Doha ne met pas fin au conflit, mais il ouvre une phase de négociation plus formalisée, centrée sur la sécurité, le redéploiement de l’administration congolaise et la réintégration éventuelle de certains éléments rebelles. Les prochaines semaines seront décisives pour transformer cette déclaration en engagements concrets sur le terrain. Un comité conjoint de suivi devrait être mis en place pour encadrer la mise en œuvre des termes convenus.
La signature a été saluée par la Commission de l’Union africaine, dont le président Mahamoud Ali Youssouf a évoqué « une avancée significative » dans les efforts pour restaurer la paix dans la région des Grands Lacs. Le Qatar, qui héberge les négociations, renforce ainsi son rôle de médiateur dans les conflits africains, à la suite de son implication récente dans d’autres dossiers continentaux.
Reste à voir si cette dynamique tiendra face à la méfiance profonde entre les belligérants, à la compétition pour le contrôle des ressources minières et à l’implication régionale du Rwanda, enjeu majeur du conflit. La population civile, prise en étau entre armée congolaise, groupes armés locaux et intérêts transfrontaliers, attend toujours des résultats tangibles sur le terrain. Ce cessez-le-feu annoncé n’aura de sens que s’il est suivi d’actions concrètes et vérifiables.