En République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a annoncé une mesure symbolique pour célébrer la transition vers la nouvelle année. Par une ordonnance signée dans la nuit du 31 décembre au 1ᵉʳ janvier, une grâce présidentielle a été accordée à certaines catégories de détenus, suscitant à la fois espoirs et débats à Kinshasa.
Cette ordonnance prévoit des remises ou réductions de peine pour des détenus condamnés à moins de cinq ans, tandis que les peines supérieures ou égales à cette durée pourront être réduites de cinq ans. Les condamnations à perpétuité pourront être ramenées à vingt ans, et la peine de mort sera commuée en servitude pénale à perpétuité. Cependant, des infractions graves comme les violences sexuelles, les détournements de fonds publics ou les atteintes à la sûreté de l’État restent exclues de ces mesures.
Cette initiative intervient dans un contexte marqué par des tensions politiques et une forte pression sur le système carcéral congolais. Les prisons, souvent surpeuplées et sous-financées, sont régulièrement dénoncées pour leurs conditions de détention précaires. En outre, des accusations d’abus, notamment des libérations monnayées lors de précédentes mesures de grâce, continuent de planer sur les processus judiciaires.
Parmi les détenus concernés, des figures politiques comme Jean-Marc Kabund (condamné à sept ans), Jacky Ndala (deux ans et demi), ou encore Seth Kikuni (un an), suscitent des interrogations. Les avocats de ces opposants se montrent optimistes, estimant que leurs clients remplissent les critères pour bénéficier de la mesure. Toutefois, une source judiciaire insiste sur la nécessité d’un examen approfondi de chaque dossier, ce qui pourrait ralentir le processus.
Constant Mutamba, ministre de la Justice, a promis une approche rigoureuse pour cette grâce présidentielle. Une commission ad hoc sera mise en place pour examiner les dossiers, garantissant la transparence et évitant les abus du passé. Le ministre espère finaliser les démarches dans un délai d’un mois, mais les défis administratifs et judiciaires pourraient compliquer cette ambition.
Si cette mesure suscite des espoirs chez de nombreux détenus et leurs proches, elle soulève également des questions quant à son application équitable. Le président Tshisekedi, dans un contexte électoral chargé, cherche à envoyer un message d’apaisement. Toutefois, les critiques sur la sélection des bénéficiaires et la portée réelle de la grâce pourraient nuire à cet effort symbolique. Les prochains jours seront décisifs pour évaluer l’impact concret de cette initiative.