En République Démocratique du Congo, une requête a été déposée au Sénat pour demander la levée de l’immunité parlementaire de l’ex-président Joseph Kabila. La justice militaire souhaite poursuivre l’ancien chef d’État, désormais sénateur à vie, pour son implication présumée dans des crimes graves, notamment la trahison, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et son association avec le M23, un groupe rebelle actif dans l’est du pays. Cette démarche fait suite à des accusations sérieuses sur son rôle après la fin de son mandat présidentiel.
La justice militaire, ayant recueilli ce qu’elle considère comme des preuves irréfutables, fait état de l’implication de Joseph Kabila dans des massacres ayant frappé des civils et des militaires dans l’est de la RDC. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a confirmé que des éléments tangibles avaient été réunis, désignant l’ancien président comme un acteur clé dans ces violences. Selon lui, ces crimes se sont produits après la fin de son mandat présidentiel, ce qui ouvre la voie à des poursuites malgré son statut de sénateur à vie.
Le dépôt de cette requête intervient dans un climat politique tendu en RDC, marqué par une crise sécuritaire dans l’est du pays et la présence du M23, un mouvement rebelle dont certains accusent Kabila d’entretenir des liens. La justice militaire fait appel à la procédure de levée d’immunité, prévue pour les sénateurs à vie, afin d’enclencher des poursuites judiciaires contre lui. Cette démarche est d’autant plus significative que le Sénat, dominé par la majorité présidentielle, devra se prononcer sur cette demande, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’équilibre politique du pays.
#RDC🇨🇩: Un “maximum de preuves” attestant la complicité de Kabila derrière AFC/M23 ont été recueillis par la Justice qui a également recensé les biens de l’ex-président au pays et à l’étranger, a annoncé mercredi le Ministre de la justice @ConstantMutamba.
Aucune saisie n’a… pic.twitter.com/asJidgIF2Q
— Pascal Mulegwa (@pascal_mulegwa) April 30, 2025
L’avenir de la procédure dépendra de la décision du Sénat, qui pourrait soit approuver la levée de l’immunité, soit la rejeter. Si l’autorisation de poursuites est accordée, cela permettrait à la justice de saisir les biens de Kabila, tant en RDC qu’à l’étranger. Cette action aurait des implications importantes pour l’ex-président, en particulier sur ses actifs financiers et immobiliers. Cependant, l’incertitude persiste quant à la réaction du Sénat, et les tensions politiques autour de cette question risquent d’intensifier les divisions internes, d’autant plus que le pays traverse une période de médiation internationale liée au M23.
Le parti de Joseph Kabila, actuellement suspendu par le gouvernement, réfute vigoureusement les accusations portées contre lui. Ses partisans dénoncent ce qu’ils considèrent comme des “affabulations” et estiment que les accusations sont infondées et politiquement motivées. Cette résistance politique soulève des questions sur les véritables enjeux de cette affaire : s’agit-il d’un règlement de comptes politique ou d’une véritable quête de justice pour les victimes des violences à l’est du pays ?
La procédure engagée contre l’ex-président ne se limite pas aux accusations criminelles ; elle ouvre également la voie à une analyse approfondie des biens et des finances de Kabila, avec des conséquences potentielles sur son patrimoine. Les actions judiciaires, y compris les saisies éventuelles, sont un signal fort dans le cadre de la lutte contre l’impunité en RDC. Cependant, le processus sera scruté de près par les observateurs internationaux, en particulier en raison du contexte délicat dans lequel il se déroule, où l’implication de la communauté internationale et les appels à l’apaisement restent au cœur des préoccupations.