Dans un contexte de violences croissantes dans la province de l’Ituri, au nord-est de la République Démocratique du Congo, l’armée congolaise a lancé un appel ferme aux milices locales pour qu’elles déposent les armes. Le commandant des opérations militaires en Ituri, le général Bruno Mandevu, a insisté sur la nécessité de rétablir l’ordre et de mettre fin à l’insécurité persistante. Cette déclaration intervient alors que la province, pourtant en voie de pacification après un protocole de paix signé fin juin, est à nouveau secouée par des affrontements entre groupes armés et forces régulières.
Le général Mandevu, qui a pris ses fonctions récemment, a exprimé sa frustration face à l’inaction des groupes armés, malgré les efforts de médiation menés par la MONUSCO. Il a dénoncé l’opposition des milices à la mise en œuvre du processus de paix et a réaffirmé que seul l’État a le droit d’exercer la violence légitime pour protéger les citoyens. « L’État a le monopole de la violence », a-t-il martelé, rejetant l’idée que des groupes armés puissent se substituer aux autorités légales pour assurer la sécurité des populations locales.
L’Ituri a été le théâtre de violences récurrentes depuis plus de deux décennies, avec une multitude de groupes armés locaux et étrangers qui se disputent le contrôle de la région. Ces milices, telles que la Codeco, le CRP et d’autres, ont prospéré dans un climat d’impunité et de faiblesse de l’État. Bien que plusieurs tentatives de négociations aient eu lieu par le passé, la situation n’a cessé de se dégrader, exacerbée par des rivalités ethniques et des luttes pour les ressources naturelles. Le protocole de paix signé en juin par six groupes armés, dont la Codeco, visait à mettre fin à ces conflits, mais son échec apparent met en lumière les difficultés de la réconciliation dans cette région.
L’armée congolaise menace désormais d’intensifier ses actions militaires contre les groupes armés qui refusent de désarmer. Les opérations de maintien de la paix, malgré les efforts de la MONUSCO, semblent insuffisantes face à la détermination des milices. L’issue de cette situation reste incertaine, car les milices armées, bien que fortement affaiblies, continuent de mener des attaques meurtrières contre les civils et les forces de sécurité. La montée des violences a d’ores et déjà forcé plus de 20 000 personnes à fuir leur domicile, illustrant l’ampleur de la crise humanitaire.
Malgré les appels à la paix et les signatures d’accords, les défis restent immenses pour la République Démocratique du Congo. Le refus de certains groupes armés de respecter les accords de paix montre l’ampleur de la fracture entre les acteurs locaux et les autorités centrales. Les autorités congolaises devront non seulement faire face à la résistance des milices, mais aussi à la défiance des populations qui voient les promesses de paix échouer à chaque fois. La route vers la stabilité en Ituri semble encore semée d’embûches, et seule une approche multidimensionnelle, intégrant des solutions politiques, économiques et sécuritaires, pourrait offrir un espoir de paix durable dans la région.
En définitive, l’appel du général Mandevu aux milices pour qu’elles déposent les armes pourrait bien être un tournant décisif, mais il dépendra de la capacité de l’État à renforcer son autorité et à garantir la sécurité des populations. Si le processus de paix échoue à produire des résultats concrets, la violence risque de persister, compromettant davantage les chances de stabilité et de développement dans cette région cruciale de la RDC.