Le 22 mars 2025, le M23 a annoncé le retrait de ses troupes de la ville de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC). Cette décision s’inscrit dans le cadre de son engagement à respecter le cessez-le-feu unilatéral qu’il a déclaré le 22 février 2025. Le mouvement rebelle justifie cette action par la volonté de créer des conditions propices à un dialogue de paix et de s’attaquer aux causes profondes du conflit dans l’Est de la RDC.
Dans un communiqué publié ce jour, le M23 explique que ce repositionnement vise à favoriser la mise en place d’initiatives de paix. Selon le groupe, il est nécessaire de créer un environnement favorable au dialogue afin de trouver une solution durable aux tensions qui secouent la région. Toutefois, le M23 précise que cette décision pourrait être annulée si des attaques ou des provocations en provenance de Kinshasa viennent mettre en danger la sécurité de ses positions ou la population civile dans la zone. Ce retrait de Walikale, prise le 19 mars, fait partie d’un ensemble plus large de contrôles territoriaux opérés par le groupe dans le Nord-Kivu.
La province du Nord-Kivu, où Walikale se situe, est l’un des foyers principaux du conflit armé qui ravage l’Est de la RDC depuis plus de deux décennies. Le M23, un groupe rebelle composé majoritairement de tutsis congolais, a fait parler de lui depuis sa rébellion en 2012, revendiquant notamment des droits politiques et territoriaux pour sa communauté. Le groupe a connu plusieurs phases de retrait et de reprise des combats, exacerbant ainsi l’instabilité régionale. La région est également marquée par une multiplicité de milices armées et par l’implication de puissances régionales, qui compliquent les négociations de paix.
Ce retrait peut-il être perçu comme un signe d’espoir ou comme une simple tactique pour gagner du temps ? Pour certains analystes, cette décision pourrait offrir une chance pour relancer un processus de dialogue avec le gouvernement congolais, particulièrement après l’initiative de cessez-le-feu unilatéral. Cependant, d’autres estiment que le M23 pourrait utiliser cette période pour renforcer ses positions dans d’autres zones stratégiques. L’évolution du retrait dépendra en grande partie des réactions de Kinshasa et des autres acteurs impliqués, y compris les forces de l’ONU présentes dans la région.
Le M23 a clairement indiqué que le retrait de Walikale ne serait pas définitif si des provocations ou attaques venaient à se produire. Cette mise en garde soulève la question de l’attitude du gouvernement congolais face à ce geste. Le M23 a en effet déjà montré qu’il pouvait réagir militairement à des menaces perçues, ce qui risque de relancer des hostilités en cas de dérapage. La diplomatie régionale, et en particulier les pressions internationales, sera donc essentielle pour éviter une nouvelle escalade de la violence.
Walikale n’est qu’un des nombreux territoires qui subissent les affres du conflit dans l’Est de la RDC. Les communautés locales, souvent prises entre les feux des différents groupes armés, espèrent un retour à la paix, mais la méfiance demeure. Les habitants de la zone, ayant vécu sous l’occupation du M23, restent dans l’incertitude quant à l’avenir. Ce retrait, s’il est suivi d’autres gestes de désescalade, pourrait marquer un tournant pour les populations locales, qui réclament avant tout la fin de l’impunité et la justice.