Samedi 4 janvier, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la ville de Masisi, chef-lieu du territoire éponyme dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette avancée, obtenue après trois jours de violents affrontements contre l’armée congolaise (FARDC) et les milices locales wazalendo, marque un tournant dans le conflit. Située à 80 kilomètres de Goma, Masisi est un carrefour administratif et logistique crucial.
La chute de Masisi a été précédée par des combats acharnés dans les localités avoisinantes de Lushebere et Kahongole. « Entre 10h et 12h30, le M23 a affronté les FARDC et les milices wazalendo avant de prendre Lushebere, puis de descendre sur Masisi », rapporte un habitant. Face à la puissance de feu des rebelles, les forces loyalistes ont dû se replier, laissant la ville tomber entre les mains du M23.
Le conflit dans l’est de la RDC, marqué par l’intervention de groupes armés tels que le M23, trouve ses racines dans des tensions politiques et ethniques exacerbées depuis les années 1990. Soutenus selon plusieurs rapports par des puissances étrangères, notamment le Rwanda, les rebelles du M23 ont multiplié les offensives dans la région, provoquant des déplacements massifs de populations et une instabilité chronique.
La prise de Masisi fait craindre une catastrophe humanitaire imminente. Selon Telesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile congolaise, des milliers de civils ont fui dans toutes les directions, certains cherchant refuge à Walikale, déjà touchée par une offensive rebelle en octobre dernier. « La chute de Masisi constitue un coup fatal pour la République », alerte-t-il, évoquant les implications stratégiques et humanitaires de cet événement.
Alors que l’armée congolaise tarde à réagir officiellement, le M23 a revendiqué la prise de Masisi via son compte X (anciennement Twitter). En réponse, les milices wazalendo, soutenant les FARDC, ont annoncé la reprise de plusieurs villages sous contrôle rebelle dans la même zone, soulignant que les hostilités sont loin d’être terminées.
Au-delà de l’impact immédiat de cette nouvelle avancée rebelle, la situation dans le Nord-Kivu illustre la profondeur de la crise sécuritaire en RDC. La prise de Masisi, après celle de territoires voisins, pourrait affaiblir davantage le contrôle de l’État congolais sur cette région stratégique, alimentant une spirale de violences et de déplacements de populations. Les regards se tournent désormais vers Kinshasa et la communauté internationale, appelés à réagir face à une crise qui menace la stabilité de toute la région des Grands Lacs.