L’ancien président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, a effectué une visite discrète à Goma, capitale du Nord-Kivu, le vendredi 18 avril. Son arrivée, par la frontière rwandaise, a été confirmée par plusieurs sources proches de l’Alliance des forces démocratiques de libération du Congo (AFC/M23) et de son entourage. Cette visite intervient alors que la ville, sous contrôle des rebelles de l’AFC/M23 depuis deux mois, reste le théâtre d’une insécurité grandissante.
L’ancien chef d’État congolais est arrivé à Goma par la « grande barrière », principal poste-frontière séparant la ville de Gisenyi, au Rwanda. La discrétion a entouré son entrée : aucune déclaration publique n’a été faite, et sa présence est restée non confirmée par les autorités locales ou nationales. Cependant, l’information s’est rapidement propagée, suscitant des réactions partagées parmi les habitants, entre espoir d’un possible changement politique et inquiétudes sur la détérioration de la situation sécuritaire, exacerbée par les accusations de Félix Tshisekedi, actuel président congolais, qui considère Kabila comme complice de la rébellion.
La visite de Kabila soulève plusieurs interrogations. Alors que certains affirment qu’il se trouve toujours à Goma, d’autres suggèrent qu’il aurait déjà quitté la ville pour retourner au Rwanda. Cette incertitude sur sa localisation nourrit les spéculations. Son entourage a toutefois évoqué une communication prochaine où l’ancien président devrait exposer sa vision sur la situation actuelle en RDC, qu’il juge « hors de contrôle » et marquée par une montée de l’insécurité et la dégradation des institutions. Dans cette perspective, Joseph Kabila semble également vouloir répondre à des accusations politiques, notamment celles de la manipulation des institutions par Félix Tshisekedi.
Le contexte politique et sécuritaire dans lequel s’inscrit la visite de Kabila est tendu. Depuis quelques jours, les autorités congolaises mènent des perquisitions dans une propriété de l’ex-président à Kinshasa, saisissant plusieurs biens, notamment des véhicules et du matériel électronique. Ces actions interviennent alors que la situation sécuritaire dans l’est du pays se dégrade et que les accusations de Félix Tshisekedi à l’encontre de son prédécesseur persistent. L’épouse de Joseph Kabila, Marie Olive Lembe, a également pris la parole pour dénoncer un « pillage » orchestré par les autorités congolaises, alors que les enquêteurs cherchent notamment des armes dans les propriétés de l’ex-président.
Quant à la durée de son séjour à Goma, son entourage tient à préciser que Joseph Kabila ne prévoit pas de s’installer dans l’est du pays de manière permanente. Selon ses proches, il ne revient pas en tant que chef rebelle, mais plutôt pour rencontrer des personnalités locales. Une posture de rapprochement politique, loin des préoccupations militaires, semble être privilégiée par l’ancien président, même si la situation politique de la RDC pourrait rapidement enflammer les débats sur son retour.
En somme, la visite de Joseph Kabila à Goma intervient dans un contexte où les tensions sont vives, tant sur le plan sécuritaire que politique. La RDC, en proie à une crise sécuritaire majeure dans l’est du pays, semble se diriger vers une nouvelle phase de confrontation, avec un retour de Kabila qui pourrait redéfinir les équilibres politiques internes. Cependant, les intentions réelles de l’ex-président et son rôle dans cette crise restent encore flous, ce qui laisse place à de nombreuses spéculations.