Depuis deux mois, une maladie inexpliquée sévit dans la zone de santé de Panzi, située dans la province du Kwango, en République démocratique du Congo (RDC). À ce jour, elle a causé plus de 70 décès, principalement parmi les jeunes enfants, et reste non identifiée. Les autorités sanitaires n’ont communiqué aucun nouveau bilan depuis le 6 décembre, laissant la population et les experts face à de nombreuses interrogations.
La localisation reculée et les infrastructures sanitaires précaires compliquent sérieusement l’identification de l’agent pathogène. Les échantillons biologiques collectés sur place et envoyés à Kinshasa pour analyse se sont avérés inutilisables en raison de leur détérioration. De nouvelles équipes, composées de membres du ministère de la Santé, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Africa CDC, ont été dépêchées sur le terrain. Mais atteindre Panzi, en pleine saison des pluies, nécessite plusieurs jours sur des routes impraticables.
La crise actuelle met en lumière les défis chroniques du système de santé congolais. La zone touchée se trouve à plus de 700 kilomètres de Kinshasa et à 400 kilomètres de Kenge, la principale ville de la province. Les structures sanitaires locales, peu équipées, ne permettent pas de gérer une épidémie de cette ampleur. Aucun laboratoire opérationnel n’existe sur place, et les déplacements, ralentis par des infrastructures dégradées, retardent le traitement et l’analyse des prélèvements.
Jean Kaseya, directeur général de l’Africa CDC, exprime son inquiétude face à cette lenteur : « Nous devrions identifier l’agent pathogène dans les 48 heures suivant une épidémie, mais ici, cela fait deux mois. » Il insiste sur la nécessité de renforcer la réponse sanitaire en RDC pour éviter que de telles situations ne se reproduisent. Selon lui, l’avenir dépendra des résultats des prélèvements et des ajustements dans la gestion des crises sanitaires.
Sur le terrain, les premières équipes de secours ont dû affronter de nombreux défis. Arrivées après 48 heures de trajet depuis Kenge, elles ont procédé à des tests rapides, révélant une forte prévalence de paludisme parmi les patients. Cependant, ces résultats n’expliquent pas l’ensemble des symptômes observés. Les échantillons collectés pour des analyses approfondies ont été jugés inutilisables à leur arrivée à Kinshasa, nécessitant de nouveaux efforts de collecte.
La situation actuelle souligne un manque criant de coordination et d’investissement dans les infrastructures sanitaires congolaises. Si les efforts déployés par les équipes médicales et humanitaires sont louables, le retard accumulé dans l’identification de l’épidémie expose la population à des risques accrus. Pour l’Africa CDC et les autorités locales, cette crise pourrait servir de leçon pour améliorer les dispositifs de réponse rapide et éviter des catastrophes similaires à l’avenir.