L’ancien Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo, condamné à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics, a quitté la République démocratique du Congo. Son parti, le Leadership et gouvernance pour le développement (LGD), confirme son exil et dénonce un harcèlement politique. Depuis sa condamnation le 20 mai 2025, Matata était introuvable. Ce week-end, le secrétaire général du LGD a révélé qu’il se trouve désormais à l’étranger, en contact avec ses proches, et prêt à continuer son combat.
Selon Franklin Tshiamala, le secrétaire général du parti, l’ancien Premier ministre s’estime victime d’un acharnement orchestré par le pouvoir en place. Il n’a pas encore révélé sa localisation exacte, mais affirme vouloir rejoindre la diaspora politique congolaise pour poursuivre son engagement. Le LGD affirme que cette condamnation s’explique par son refus d’intégrer l’Union sacrée, la coalition présidentielle autour de Félix Tshisekedi.
Matata Ponyo, qui avait soutenu Moïse Katumbi à la dernière présidentielle, s’ajoute à la liste croissante des figures politiques contraintes à l’exil, notamment en Europe. Le LGD évoque des pressions sur ses proches : la fille de Matata aurait été empêchée de voyager vers les États-Unis, son passeport ayant été confisqué, tandis que son épouse aurait été interdite de quitter le pays.
Le LGD parle d’un procès à charge, marqué par des exemptions de poursuites en échange de témoignages contre l’accusé. Le parti dénonce une « justice tribaliste, corrompue et soumise au pouvoir exécutif ». Ces accusations relancent les inquiétudes sur l’indépendance de la justice en RDC, à l’approche d’une nouvelle séquence électorale tendue.
Plusieurs figures de la majorité estiment que Matata Ponyo cherche à échapper à la justice congolaise. Pour eux, sa condamnation n’est pas politique, mais découle d’actes de mauvaise gestion pendant son mandat à la tête du gouvernement entre 2012 et 2016.
Entre poursuites ciblées, condamnations spectaculaires et exils forcés, plusieurs opposants accusent le régime Tshisekedi d’instrumentaliser les institutions judiciaires pour neutraliser ses adversaires. Une stratégie qui pourrait, à terme, fragiliser la crédibilité des prochaines échéances électorales.