Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a soumis mardi un plaidoyer audacieux lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Il a appelé la communauté internationale à établir un prix du carbone équitable pour l’Afrique, passant ainsi de cinq dollars la tonne à 100 dollars. Cette proposition vise à renforcer la préservation des forêts du bassin du Congo, crucial pour la réduction des émissions de carbone. Cependant, la demande de crédits carbone a récemment chuté, ce qui constitue un défi pour la RDC.
Plusieurs études ont remis en question l’efficacité des crédits carbone dans la lutte contre la déforestation. Initialement, ce mécanisme visait à inciter les pays occidentaux à compenser leurs émissions de CO2 en finançant des projets de séquestration de carbone dans les pays du Sud. Cependant, de nombreux experts ont noté que cela n’a pas freiné la déforestation, mais a plutôt conduit à des “droits à polluer” pour les multinationales et les pays.
La proposition de la RDC de fixer un prix plancher de 100 dollars la tonne de carbone est une décision cruciale. Elle signifie que le pays choisit de ne pas exploiter les ressources pétrolières sous les tourbières du bassin du Congo. Cela contraste avec la récente décision de Kinshasa de lancer un appel d’offres pour l’exploration de blocs pétroliers et gaziers dans ces zones humides de la cuvette centrale congolaise.
William Ikolo, conseiller de l’envoyé spécial de Félix Tshisekedi pour la nouvelle économie du climat, a souligné que la RDC est prête à renoncer aux vastes réserves de pétrole sous son territoire. Toutefois, en obtenant une compensation sous forme de crédits carbone, le pays peut répondre aux besoins sociaux de sa population tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique. Les tourbières du bassin du Congo ont la capacité de séquestrer d’importantes quantités de carbone, ce qui est essentiel pour lutter contre la pollution.
Outre son discours à l’ONU, le président Tshisekedi a un agenda diplomatique chargé aux États-Unis. Il cherchera à accélérer le retrait de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), à faire pression sur la communauté internationale concernant le rôle du Rwanda dans le conflit avec le M23, et à discuter des élections prévues en fin d’année, que le pays financera sur ses fonds propres malgré un climat politique tendu.