Par RFI
En déplacement ce mercredi à Belgrade pour rencontrer son homologue serbe, Recep Tayyip Erdogan a accusé les pays occidentaux de « provocation » envers la Russie. La veille, le chef de l’État turc avait déjà imputé aux Européens et à leurs sanctions contre Moscou la responsabilité de la crise énergétique.
Recep Tayyip Erdoğan fait mentir ceux qui prévoyaient, il y a six mois, que la guerre en Ukraine aurait pour effet de rapprocher la Turquie et l’Occident. En fait, le chef de l’État turc n’a rien changé à sa rhétorique, qui consiste depuis des années à imputer aux Occidentaux les crises dans la région.
Selon lui, vis-à-vis de la Russie, « l’Occident mène une politique basée sur la provocation. Vous ne pourrez pas obtenir de résultats comme ça », a-t-il affirmé.
Recep Tayyip Erdoğan oppose aux Occidentaux sa politique dite « d’équilibre » entre Kiev et Moscou, qui lui a permis, cet été, de négocier un accord sur la reprise des livraisons de céréales ukrainiennes. Fort de ce succès diplomatique, le président turc se pose en donneur de leçons, jusqu’à reprendre à son compte certains arguments de la Russie.
« La Russie n’est pas un pays qu’on peut prendre à la légère. La Russie a coupé ses livraisons de gaz, les prix ont subitement augmenté en Europe, et maintenant, ils se demandent tous comment ils vont passer l’hiver, a déclaré le président turc. Il est évident que si tout le monde l’attaque, la Russie va utiliser les moyens, les armes à sa disposition. »
La Turquie, soucieuse de préserver son rôle de médiateur et ses relations économiques avec la Russie, refuse de lui infliger des sanctions. Cela ne l’empêche pas d’aider militairement l’Ukraine, en lui fournissant des drones de combat et des véhicules blindés. Dans la même déclaration, Recep Tayyip Erdoğan a d’ailleurs accusé l’Occident de prétendre envoyer des armes à l’Ukraine, tout en lui livrant de « la ferraille ».
Anne Andlauer