Le président français Emmanuel Macron a annoncé le 7 septembre 2023 son engagement à permettre au Parlement de débattre dès cet automne de la stratégie de la France en Afrique et au Sahel, où la présence militaire française est remise en question par plusieurs pays, notamment le Niger. Cette décision fait suite à une lettre adressée aux dirigeants des partis politiques français fin août. Robin Guittard, porte-parole de l’ONG CCFD-Terres solidaires, souligne l’importance de rendre ce débat inclusif pour une refondation de la stratégie française avec le continent africain.
De longue date, de nombreux acteurs de la société civile française, dont l’association CCFD-Terres solidaires, réclamaient un débat sur la stratégie de la France au Sahel, en particulier sur le volet militaire. La question de la redevabilité démocratique de l’opération Barkhane, menée au Sahel entre 2014 et 2022, a été soulevée. Ce débat est vu comme une opportunité d’intégrer la société civile, les chercheurs, les diasporas et les ONG dans la discussion pour une réelle refonte de la stratégie française en Afrique.
La présence de l’armée française en Afrique est de plus en plus contestée, notamment en raison du manque de contrôle parlementaire pendant une décennie autour de l’opération Barkhane. Les décisions liées au redéploiement militaire français en Afrique ont été prises principalement à l’Élysée sans consultation réelle du Parlement. En février 2023, l’Élysée avait annoncé un nouveau modèle de partenariat, impliquant une diminution des effectifs français et un renforcement de la formation et des équipements en coopération avec les pays africains.
Après des problèmes au Mali et au Burkina Faso, la France fait face à une situation délicate au Niger, où les militaires auteurs d’un coup d’État ont demandé le retrait des soldats français engagés dans la lutte anti-jihadiste. Le débat parlementaire sur la stratégie au Sahel est une occasion pour la France de redéfinir sa présence militaire en Afrique et de renforcer son partenariat avec les pays concernés. La question du redéploiement des bases militaires et de la coopération accrue avec les Africains sera au cœur des discussions.