Le Niger, confronté à des sanctions économiques sévères de la CÉDÉAO suite au coup d’État du 26 juillet, démontre une résistance inattendue. Les mesures prises, notamment le gel des comptes de l’État à la BCÉAO, l’interdiction de lever des fonds sur les marchés régionaux et la suspension des financements externes, ont porté un coup dur à l’économie nigérienne, pourtant l’une des plus fragiles au monde.
Face à ces sanctions, estimées à plus de 7% de son PIB, le Niger a adopté des mesures extraordinaires. La transition vers le prélèvement des taxes en liquide et le développement rapide de centrales thermiques, dont la nouvelle centrale solaire Gorou Banda, sont des exemples de l’ingéniosité déployée pour atténuer l’impact des restrictions. Cette adaptabilité a été soulignée par des économistes de renom, malgré la coupure de 70% de son électricité initialement importée du Nigeria.
Le contexte politique et économique du Niger est complexe. Depuis le coup d’État, le pays fait face à des défis économiques majeurs, exacerbés par des sanctions régionales. Ces défis sont accentués par le faible indice de développement humain du Niger, rendant les conséquences des sanctions encore plus préoccupantes pour la population.
Le secteur financier, en particulier, suscite de vives inquiétudes. Avec 14% de la dette nigérienne détenue par des banques privées et l’accumulation d’arriérés de paiement, la situation financière reste précaire. La dégradation de la note du Niger par l’agence Moody’s en août dernier et la possibilité que certaines dettes soient requalifiées en « prêts non performants » mettent en lumière les risques financiers à court terme pour l’État.
Sur le plan diplomatique, le Niger cherche activement des partenariats pour contourner les sanctions. La récente visite du Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, en Iran, et les accords de coopération signés dans les domaines de l’énergie, de la santé et des finances, témoignent de cette quête de nouvelles alliances. L’Iran, lui-même sujet à d’intenses sanctions internationales, a promis son soutien au Niger.
Enfin, la stratégie diplomatique du Niger s’inscrit dans un contexte régional plus large, où l’Iran cherche à renforcer sa présence en Afrique. Cette dynamique pourrait avoir des implications significatives, non seulement pour le Niger mais aussi pour ses voisins africains, notamment en matière de coopération militaire et de vente d’armes, domaines où l’Iran est particulièrement actif.