Afin d’éviter une situation critique, des parlementaires, maires, experts et acteurs de la société civile en appellent à leur implication dans le processus d’endettement du pays.
Au 30 mars 2024, l’encours du service de la dette publique est de 12 714 milliards de FCFA ; soit 42,9% du PIB alors qu’à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvre très endetté en 2006 (réduction de 2/3 de la dette extérieure), le taux d’endettement du Cameroun s’élevait à 11%. Ce qui signifie qu’en 18 ans, la dette nationale a augmenté de 31,9 %. Si l’encours de la dette reste en deçà du seuil de 70% du PIB fixé par la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, le rythme d’endettement du pays et surtout l’utilisation qui en est faite inquiètent plus d’un.
C’est que le budget de l’Etat pour cette année 2024 ouvre la voie à un endettement poussé avec des prévisions d’emprunts s’élevant à près de 1 500 milliards de FCFA. Dans le même temps, de nombreux projets financés par les emprunts antérieurs et censés être déjà opérationnels demeurent inachevés, interrogeant ainsi la capacité de remboursement du Cameroun dans les délais requis. Du coup, la dette reste une problématique grave pour notre quête de développement ; notamment du fait de l’augmentation constante du service de la dette alimentée par la dette bilatérale et celle du secteur privé.
En effet, cela paralyse la capacité des finances publiques à répondre aux besoins socio-économiques nationaux. Ce d’autant plus que, dans le même temps, le pays renvoie des revenus indispensables vers les pays développés sous la forme de flux financiers illicites et par le biais d’un commerce déloyal des ressources naturelles. L’aptitude du Cameroun à fournir à ses populations des services de base essentiels (santé, éducation, eau, énergie, etc.) s’en trouve dès lors extrêmement réduite.
Meilleur service de la dette
Dans le but d’inverser cette tendance, African Forum on Debt and Development (AFRODAD) en partenariat avec Africa Development Interchange Network (ADIN) ont organisé le 6 mai à Yaoundé, une réunion nationale pour le plaidoyer sur la dette. Les assises qui ont rassemblé des acteurs politiques (députés et maires), de l’administration centrale (représentants des ministères de l’Economie, des Finances et du Contrôle supérieur de l’Etat), de l’économie (experts) ainsi que de la société civile ont visé l’exploration des pistes de plaidoyer pour une meilleure contraction et un meilleur service de la dette à travers une discussion multipartite.
Dans le détail, il a été question d’orienter le dialogue national sur la dette publique vers une plus grande transparence, une plus grande responsabilité et une meilleure gouvernance. L’espace et les opportunités de plaidoyer ont été trouvés en examinant des atouts tels que les différentes plateformes de collaboration existant entre la société civile et les institutions dont le ministère des Finances, le Contrôle supérieur de l’Etat, le Parlement et les Collectivités territoriales décentralisées (CTD). L’objectif étant de sensibiliser aux actions nécessaires pouvant influencer positivement les politiques de la dette en vue de déclencher les réformes nécessaires de l’architecture financière mondiale qui régit la dette publique et d’encourager la mise en œuvre de solutions significatives en matière de dette aux niveaux national et mondial.
Entre autres résultats attendus, la cohérence des réformes avec la réalité nationale, l’implication accrue des CTD dans la stratégie d’endettement du Cameroun et la recherche poussée de l’emprunt philanthropique.
Thierry Christophe Yamb