Au Rwanda, le procès de huit opposants politiques et d’un journaliste youtubeur a commencé ce jeudi 5 décembre devant la Haute Cour de Kigali. Ces personnes ont été arrêtées il y a trois ans et sont accusées de “participation à une organisation criminelle”, de “conspiration contre le gouvernement”, et de diffusion de “fausses informations” visant à provoquer de l’hostilité contre le pouvoir en place.
Pendant la première audience, le parquet a mis en avant la participation des accusés à une formation en ligne basée sur un livre de Srđa Popović, un activiste serbe connu pour ses méthodes de résistance non violente. Le livre, intitulé Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans arme, a inspiré des discussions sur des stratégies de mobilisation pacifique comme la distribution de tracts, des manifestations, des boycotts, et le refus de payer des taxes. Selon le parquet, ces actions visaient à mobiliser la population contre le gouvernement rwandais.
Ce procès se déroule dans un contexte politique tendu, où le gouvernement rwandais tolère très peu l’opposition. Les accusés auraient participé à des événements organisés par un parti politique non autorisé, dirigé par Victoire Ingabire, une figure de l’opposition. Parmi les accusés se trouve également le youtubeur Théoneste Nsengimana, accusé d’avoir couvert ces activités politiques interdites.
L’avenir des accusés reste incertain. Le parquet semble vouloir prouver qu’ils conspiraient contre le gouvernement, tandis que la défense pourrait insister sur le caractère pacifique de leurs actions et sur la liberté d’expression, qui est censée être garantie par la constitution rwandaise. La communauté internationale suit ce procès de près, surtout après les critiques répétées contre le Rwanda sur les questions de droits humains.
En août dernier, un groupe de travail de l’ONU a déclaré que la détention des accusés était arbitraire. Plusieurs organisations de défense des droits humains, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ont appelé à leur libération immédiate et sans condition, dénonçant la répression d’une contestation pacifique au Rwanda.
Ce procès montre encore une fois combien il est difficile de s’opposer au gouvernement au Rwanda. Les voix dissidentes sont souvent réprimées, et beaucoup craignent que ce procès ne soit qu’un moyen de plus pour le gouvernement de Kigali de faire taire l’opposition, même pacifique. Le sort de ces accusés pourrait avoir un impact majeur sur l’avenir de la liberté d’expression et des droits politiques au Rwanda.