Le procès de Moses Turahirwa, fondateur de la marque de mode Moshions, s’est ouvert ce mardi 6 mai 2025, au tribunal de première instance de Kicukiro, à Kigali. L’entrepreneur rwandais, âgé de 36 ans, est accusé de consommation de drogues, suite à des publications controversées sur les réseaux sociaux. Cette affaire survient quelques semaines après son arrestation, alimentant les spéculations sur les raisons de sa détention.
Devant les juges, Turahirwa a reconnu avoir consommé de la drogue, mais il a contesté la quantité de cannabis retrouvée à son domicile et rejeté les accusations de possession dans le but de revendre. L’homme d’affaires a également exprimé ses regrets concernant ses publications sur Instagram, où il critiquait ouvertement le président Paul Kagame. Selon lui, son arrestation n’aurait pas été liée à la consommation de drogues, mais plutôt à ses messages sur les réseaux sociaux, pour lesquels il a déjà présenté des excuses publiques. Toutefois, le procureur a fermement rejeté cette version des faits.
L’arrestation de Moses Turahirwa intervient dans un climat tendu, marqué par ses déclarations publiques contre le gouvernement rwandais. En avril 2025, le styliste avait publié une série de messages sur Instagram dans lesquels il dénonçait l’emprisonnement de son père par les autorités, affirmant n’avoir jamais pardonné à Paul Kagame. Ces publications, désormais supprimées, avaient rapidement attiré l’attention des autorités. Le créateur de mode avait même exprimé sa tristesse en apprenant que le président rwandais portait ses créations.
Le procès de Moses Turahirwa pourrait avoir des répercussions importantes, tant sur le plan personnel que professionnel. L’accusation de consommation de drogues est venue se greffer sur un précédent judiciaire, puisqu’il avait déjà été condamné en 2024 pour des faits similaires. Le tribunal doit se prononcer sur la demande de libération sous caution formulée par son avocat lors de la prochaine audience, prévue pour le 9 mai. Cette demande vise à permettre à Turahirwa de suivre un traitement pour son addiction, mais le procureur s’oppose fermement à cette libération, soulignant le caractère récidiviste des faits.
L’affaire Turahirwa soulève des questions sur la liberté d’expression au Rwanda, en particulier concernant les critiques publiques à l’encontre du régime en place. Si le gouvernement n’a pas commenté directement l’affaire, l’arrestation de ce célèbre styliste, après ses publications virulentes sur Instagram, pourrait être perçue comme un avertissement aux voix dissidentes dans le pays. Pour l’opinion publique, ce procès sera un test de la tolérance du gouvernement rwandais vis-à-vis des critiques, surtout quand elles émanent de figures publiques influentes.
La situation de Moses Turahirwa reste incertaine. Tandis que son procès se poursuit, son cas pourrait avoir des répercussions sur le monde de la mode au Rwanda, un secteur en pleine croissance, mais encore fragile. Les observateurs attendent avec attention la décision du tribunal, qui pourrait influencer l’avenir de cet entrepreneur et envoyer un message fort sur la liberté d’expression au Rwanda.