Saïf al-Islam Kadhafi, fils cadet de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a brisé son silence à l’occasion d’un échange exclusif avec RFI. Il a réaffirmé ses accusations selon lesquelles Nicolas Sarkozy aurait bénéficié d’un financement libyen pour sa campagne présidentielle de 2007. Ces déclarations interviennent alors que le procès de l’ex-président français, accusé de corruption, a débuté à Paris.
Dans un message écrit en français et transmis à RFI, Saïf al-Islam Kadhafi a affirmé avoir supervisé la remise de 5 millions de dollars en espèces à Nicolas Sarkozy, par l’intermédiaire de Béchir Saleh, ancien trésorier du régime libyen. Ce financement présumé aurait été conditionné à des accords politiques, notamment l’arrêt des poursuites liées à l’attentat du DC10 d’UTA en 1989. Des anecdotes, comme celle d’une valise de billets difficile à fermer, viennent illustrer ses propos.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte politique complexe remontant aux années 2000, époque où Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, aurait eu des relations étroites avec le régime de Kadhafi. En 2011, au moment de l’intervention de l’OTAN en Libye, Saïf al-Islam avait déjà évoqué ces financements présumés. Depuis, il n’a cessé d’accuser l’ancien président français de corruption, tout en étant lui-même poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Ces nouvelles accusations relancent les débats sur l’intégrité des élites politiques françaises et sur l’impact des relations franco-libyennes. Le procès en cours pourrait soit confirmer les accusations, soit les réduire à de simples spéculations non fondées. Pour Saïf al-Islam, ces déclarations pourraient également servir à regagner en influence politique en Libye, où il ambitionne toujours de jouer un rôle de premier plan.
Les affirmations de Saïf al-Islam Kadhafi sont contestées par les avocats de Nicolas Sarkozy, qui les qualifient de « fantaisistes et opportunistes ». Ils rappellent qu’aucune preuve tangible n’a été apportée depuis plus de dix ans. Par ailleurs, plusieurs témoins cités dans cette affaire, comme Noël Dubus et Souha al-Bedri, réfutent les allégations de pressions ou d’interventions en faveur de l’ancien président français.
Pour certains observateurs, cette affaire illustre une stratégie de vengeance de la part de dignitaires libyens, dépossédés de leur pouvoir après l’intervention de 2011. En revanche, pour d’autres, ces accusations soulignent l’opacité des financements politiques et la nécessité de renforcer les mécanismes de transparence. Le sort de Saïf al-Islam, toujours recherché par la CPI, reste un facteur clé pour évaluer la crédibilité de ses déclarations.