Sam Nujoma, premier président de la Namibie post-indépendance, est décédé le 8 février 2025 à l’âge de 95 ans. Figure incontournable de la lutte pour l’indépendance et chef de la SWAPO (Organisation du peuple du sud-ouest africain), il reste une figure emblématique de la Namibie contemporaine. L’annonce de sa disparition a été faite par la présidence namibienne, qui a salué sa contribution majeure en tant que « père fondateur de la nation ».
Nujoma s’impose sur la scène politique namibienne bien avant l’indépendance en 1990. Né dans les townships sous domination sud-africaine, il se forme dans les syndicats ferroviaires avant de s’engager dans le combat pour la libération de son pays. En 1960, il cofonde la SWAPO, un mouvement indépendantiste, et, après un exil forcé, il initie une guerre de libération qui durera plus de 20 ans, coûtant la vie à 20 000 personnes. Ce combat mène à la fin de l’occupation sud-africaine et à la proclamation de l’indépendance en 1990, où il devient le premier président de la Namibie.
L’indépendance de la Namibie en 1990 a marqué un tournant décisif pour le pays, précédé par des décennies de lutte contre le colonialisme et l’apartheid. Sam Nujoma, leader charismatique, incarne cette transition vers la souveraineté. Son arrivée à la présidence s’inscrit dans un contexte de décolonisation à travers l’Afrique australe, avec la fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud et la chute de l’influence coloniale européenne sur le continent. Nujoma symbolise cette époque de libération nationale, tout en ayant joué un rôle central dans les négociations qui ont abouti à l’indépendance.
Le décès de Nujoma marque la fin d’une époque pour la Namibie. Son héritage politique, bien que toujours présent à travers la SWAPO, est confronté à de nouveaux défis. Le pays, qui a connu un développement notable depuis 1990, fait face à des questions économiques, sociales et politiques qu’il devra résoudre sans la figure unificatrice qu’était Nujoma. Les autorités namibiennes devront désormais définir une nouvelle direction pour le pays tout en honorant la mémoire de celui qui a permis l’indépendance.
Sam Nujoma était bien plus qu’un simple homme d’État. Il incarnait la dignité et la lutte contre l’oppression. Les témoignages affluent, notamment d’anciens militants de la SWAPO, qui soulignent son charisme et sa capacité à fédérer autour de l’idéal de la liberté. Cependant, son héritage est également marqué par des décisions controversées, telles que son attitude envers les droits des minorités, notamment la communauté LGBTQ+, ainsi que la répression de certains mouvements d’opposition au sein de son propre pays.
L’Afrique du Sud a réagi en saluant la mémoire de Nujoma, le qualifiant d’« excellent combattant de la liberté ». Cette reconnaissance souligne les liens historiques et politiques entre la Namibie et l’Afrique du Sud, deux pays ayant lutté contre le colonialisme et l’apartheid. Nujoma est perçu comme un allié de taille dans cette guerre commune pour la dignité et l’indépendance du peuple africain. Le deuil national qui s’annonce en Namibie témoignera de l’impact profond de son décès sur le peuple namibien et la communauté africaine.