Le Premier ministre de São Tomé et Príncipe, Patrice Trovoada, a fermement défendu l’accord militaire signé en avril avec la Russie, estimant que cette coopération était une réponse logique aux besoins de son pays. Cet accord, centré sur la formation militaire et l’élimination des stocks d’explosifs soviétiques vieillissants, a suscité des inquiétudes, notamment de la part de l’ex-colonisateur portugais.
Lors du Forum CEO Africa à Kigali, Trovoada a minimisé la portée stratégique de cet accord, affirmant que São Tomé collabore davantage avec l’OTAN et les États-Unis dans le domaine militaire. Il a souligné que son pays privilégiait une approche inclusive, s’associant avec tous les acteurs internationaux, sans exclusive, pour résoudre des problématiques telles que le renouvellement de son arsenal militaire ou la gestion des menaces environnementales et sécuritaires.
L’accord russo-santoméen intervient dans un climat de méfiance accrue envers la Russie en raison de son influence croissante en Afrique de l’Ouest et du conflit en Ukraine. L’opposition interne, ainsi que le Portugal, ont exprimé des réserves, citant le manque de transparence et des risques potentiels d’espionnage. Trovoada a rejeté ces accusations, rappelant que São Tomé, indépendant depuis 1975, a toujours cherché à préserver sa souveraineté dans ses partenariats internationaux.
Trovoada a insisté sur l’importance de diversifier les partenariats de São Tomé, tout en renforçant sa capacité à gérer des défis sécuritaires. Il a comparé les stocks soviétiques obsolètes à des “bombes à retardement”, citant le désastre de Beyrouth en 2020 comme une leçon à ne pas ignorer. En outre, il a critiqué les partenaires occidentaux pour leur manque d’engagement dans la modernisation des équipements militaires du pays.
Le Premier ministre a dénoncé ce qu’il perçoit comme une hypocrisie des pays européens, qui critiquent la Russie tout en continuant à commercer avec elle. Il a également déploré une coopération déséquilibrée avec l’OTAN, où São Tomé reste dépendant d’équipements vieillissants malgré des exercices conjoints. “Nous méritons des outils modernes si nous voulons réellement coopérer”, a-t-il affirmé.
Interrogé sur la possibilité de demander des réparations au Portugal pour les crimes coloniaux, Trovoada a écarté cette option, estimant que le gouvernement devait se concentrer sur les défis urgents du pays, notamment la pauvreté et la crise énergétique. “Nous avons d’autres priorités”, a-t-il déclaré, soulignant que son objectif principal restait de garantir la stabilité et le développement économique de São Tomé et Príncipe.