Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement sénégalais, la lutte contre les biens mal acquis, notamment sous l’ancienne administration, connaît un tournant décisif. Cinq anciens ministres sont désormais dans la ligne de mire de la Haute Cour de Justice, alors que des enquêteurs ont intensifié leurs efforts pour recouvrer les fonds publics détournés, notamment ceux liés à la gestion des fonds de la pandémie de Covid-19. Le procureur général de la République, Mbacké Fall, a révélé, lors d’une conférence de presse le 17 avril 2025, que les dossiers de ces ministres ont été transmis à l’Assemblée nationale, ouvrant ainsi la voie à leur mise en accusation devant la Haute Cour de Justice.
Au cours des sept derniers mois, le Pool judiciaire financier a réussi à récupérer une somme impressionnante de 22,8 millions d’euros (environ 15 milliards de FCFA), provenant de cautionnements et de saisies opérées dans le cadre des enquêtes liées à la gestion des fonds de la pandémie. Ces efforts ont permis de confisquer 92 véhicules, 11 titres fonciers, ainsi que plusieurs pirogues et moteurs. El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla, procureur financier, a souligné que ces actions ont été menées avec l’aide des sections de recherche de Dakar, Thiès et Saint-Louis. Cette intensification de la traque marque une étape importante dans la lutte contre la délinquance économique et financière au Sénégal.
La gestion des fonds liés à la pandémie de Covid-19 fait l’objet d’une attention particulière dans ce contexte, alors que le gouvernement actuel de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko se bat pour rétablir la confiance du peuple sénégalais. L’exploitation des rapports de la Cour des comptes a révélé de graves présomptions de détournement de fonds publics, ce qui a conduit à l’ouverture de plusieurs dossiers judiciaires. Les ministres concernés sont accusés d’avoir détourné des fonds destinés à la lutte contre la pandémie, et la procédure judiciaire s’est accélérée sous l’impulsion des autorités judiciaires actuelles.
La mise en accusation des cinq anciens ministres ouvre un nouveau chapitre pour la justice sénégalaise, qui devra faire face à des pressions politiques et sociales. L’avenir des poursuites judiciaires dépendra non seulement de l’évolution des enquêtes en cours, mais aussi de la réaction des autorités et de la population. Les actions entreprises par la Cour des comptes pourraient remettre en question la gestion de l’État et susciter un débat sur la transparence et la responsabilité au sein du gouvernement. Cependant, la question reste posée : ces actions sont-elles réellement motivées par la justice ou par des enjeux politiques ?
En parallèle, la Division des investigations criminelles (DIC) a arrêté 27 personnes entre le 16 et le 17 avril 2025, dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds Covid-19. Des sommes considérables ont été consignées, dont 393 000 euros (258 millions de FCFA), et plusieurs individus ont été inculpés pour détournement de fonds publics. Le procureur Ibrahima Ndoye a précisé que ces fonds seront restitués au peuple sénégalais, soulignant l’importance de la restitution des ressources détournées, dans un contexte où le pays a fait des sacrifices considérables pour faire face à la crise sanitaire.
Le climat politique autour de cette affaire est particulièrement tendu, avec des tensions qui montent entre les partisans du régime actuel et ceux qui défendent l’ancien président Macky Sall. Un député du parti au pouvoir, Guy Marius Sagna, a proposé de mettre en accusation l’ancien président pour haute trahison, en raison des irrégularités relevées dans la gestion financière du pays sous son mandat. Cette proposition a suscité l’indignation de nombreux membres du parti de Macky Sall, qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme une tentative de discréditer une personnalité de renommée internationale. Le débat sur la justice et la politique est désormais au cœur de l’actualité sénégalaise.