Le gouvernement sénégalais a annulé une réunion prévue à Dakar autour d’un film sur les réalités LGBTQI en Afrique de l’Ouest, organisée par l’ambassade des Pays-Bas et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. L’événement, programmé pour le 11 juillet, a été jugé contraire aux lois et aux « valeurs nationales » du pays.
Selon le ministère des Affaires étrangères, l’activité devait consister en la projection du film MIWA (Nous sommes là), centré sur les expériences des femmes LGBTQI et des hommes trans en Afrique de l’Ouest, suivie d’un débat avec des associations de défense des droits. Prévue dans les locaux du bureau régional du Haut-Commissariat à Dakar, la rencontre réunissait plusieurs diplomates et ONG.
Dans un communiqué officiel, les autorités rappellent que les représentations étrangères et les organisations internationales sont tenues de se conformer aux textes en vigueur et de respecter les normes socioculturelles sénégalaises. Le gouvernement souligne qu’il « n’accepte aucune forme de propagande et de promotion du phénomène LGBTQI » et se réserve le droit de prendre des mesures contre toute initiative jugée non conforme, indépendamment du statut ou de l’origine des parties impliquées.
Cette décision intervient après une alerte lancée le 10 juillet par le député Guy Marius Sagna, figure de la majorité présidentielle, qui avait dénoncé publiquement la tenue de cette « réunion Equal Rights Coalition » via les réseaux sociaux. Selon lui, des ambassades comme celle des Pays-Bas, ainsi que des institutions comme le Haut-Commissariat des Nations unies, y participaient aux côtés d’associations LGBTQI telles que EGIDES et PI7. Le député avait exigé une réaction immédiate des autorités.
Au Sénégal, les relations homosexuelles restent criminalisées par l’article 319 du code pénal, et toute manifestation publique en faveur des droits LGBTQI est systématiquement rejetée par les autorités. Le sujet, hautement sensible dans l’espace public, est régulièrement instrumentalisé à des fins politiques ou idéologiques, et toute initiative perçue comme une tentative d’« influence étrangère » provoque des réactions virulentes.
Au-delà de cet épisode, cet incident illustre les tensions persistantes entre les principes de souveraineté défendus par certains États africains et les pressions internationales en faveur des droits des minorités sexuelles. Il met également en lumière le rôle croissant d’acteurs non étatiques — ONG, artistes, diplomates — dans les batailles culturelles et diplomatiques liées aux droits humains sur le continent.