Au Sénégal, deux ans de prison ferme ont été requis contre les députés de l’opposition Massata Samb et Mamadou Niang. Les deux hommes étaient jugés, ce lundi 19 décembre, à Dakar pour « coups et blessures volontaires » contre Amy Ndiaye. En pleine session, le 1er décembre, à l’Assemblée nationale, l’élue de la coalition au pouvoir avait reçu une gifle et un coup de pied dans le ventre, mais les prévenus nient les faits qui leur sont reprochés.
« Je n’ai pas giflé Amy Ndiaye », a d’emblée affirmé Massata Samb. L’élu assure avoir voulu tenter de lui « arracher son foulard ». Quant à Mamadou Niang, auteur du coup de pied, il explique avoir voulu « s’interposer » quand Amy Ndiaye lançait une chaise en direction de son collègue.
Pour Me Baboucar Cissé, l’un des avocats de la députée, les prévenus « nient l’évidence » : « C’est un moyen de défense. Les images ont été vues à travers toutes les chaînes de télévision, les réseaux sociaux. Ils parlent d’une certaine attaque vis-à-vis de leur guide religieux, mais ils ne sont pas à l’Assemblée par le biais de leur guide religieux, ils défendent les intérêts du peuple ! C’est une agression bien planifiée. »
Pour leur défense, la députée avait tenu des « propos irrévérencieux et déplacés » envers Serigne Moustapha Sy, guide religieux et président d’honneur du parti PUR. Les avocats ont donc plaidé « l’excuse de provocation » et demandé la relaxe :
« Ce qui a particulièrement retenu notre attention est l’absence de la plaignante, Amy Ndiaye, qui a alerté toute l’opinion nationale et internationale pour se plaindre et aggraver l’effet, explique maître Adama Fall. Nous avons espoir que le juge retiendra les faits sous une autre qualification, dans leurs mesures et leurs proportions. »
« S’ils se sentaient offensés, ils avaient d’autres moyens de protester »
Mais pour le parquet, l’argument ne tient pas. « S’ils se sentaient offensés, ils avaient d’autres moyens de protester », a affirmé la procureure qui s’est adressée au président du tribunal. « Vous êtes le dernier rempart de la protection de la gent féminine », a-t-elle exprimé.
Amy Ndiaye était absente lors de l’audience. « Elle est enceinte », ont souligné ses avocats, rapport médical à l’appui. La défense de la députée réclame 500 millions de francs CFA de dommages et intérêts, plus de 762 000 euros. Le jugement a été mis en délibéré au lundi 26 décembre.